Le président chinois Hu Jintao a discuté mardi de la crise financière mondiale avec Fidel Castro et signé des accords économiques avec Raul, frère et successeur du «Lider Maximo» cubain, afin de renforcer la coopération avec un pays «frère» à l'économie exsangue.

Dans le cadre des accords conclus entre les deux présidents, la Chine accorde un crédit de 70 millions de dollars pour la modernisation des hôpitaux de la capitale cubaine, un don de 10 M USD pour des projets socio-économiques, et accepte de restructurer la dette cubaine contractée dans les années 1990.

Il s'agissait de la première rencontre entre Hu Jintao et Raul Castro depuis que le Lider Maximo de 82 ans a dû céder le pouvoir pour des raisons de santé, de façon provisoire en juillet 2006 puis définitive en février dernier.

Le dirigeant chinois, qui effectue sa deuxième visite à Cuba depuis 2004, a été reçu par Fidel Castro qui n'a plus fait d'apparition publique depuis une grave opération fin juillet 2006, mais continue de veiller minutieusement à l'évolution de la politique cubaine.

«Je peux voir que vous êtes rétabli et que vous avez de l'énergie et j'en suis heureux», a déclaré le président chinois à Fidel Castro avec qui il a eu une «longue discussion» sur la crise financière mondiale et les relations bilatérales, selon l'agence chinoise Xinhua.

Sur une photo diffusée par Xinhua, le «Père» de la révolution cubaine de 1959, qui s'est dit heureux de revoir un «vieil ami», apparaît en survêtement de sport, plutôt maigre, le regard creux.

La télévision cubaine a diffusé une autre photo de cette rencontre dans laquelle on voit le «Comandante» de profil en train de serrer la main à M. Hu.

Le président chinois a pu par ailleurs apprécier les talents de chanteur de Raul Castro, 77 ans, qui devant des étudiants chinois, a chanté en chinois un hommage à Mao Zedong, appris il y a 55 ans lors d'un Congrès de jeunes communistes en Autriche.

Cette visite a aussi été l'occasion pour la Chine de livrer 4,5 tonnes d'aide humanitaire pour venir en aide à Cuba frappée depuis août par trois ouragans qui ont fait officiellement pour près de 10 milliards de dégâts et entraîné des pénuries d'aliments sur les marchés.

La Chine est après le Venezuela le plus important partenaire commercial de Cuba avec des échanges de 2,6 milliards de dollars en 2007.

Ces deux Etats communistes, qui ont réchauffé leurs liens après la chute de l'URSS en 1991, conservent cependant des modèles divergents: Pékin a depuis longtemps instauré une économie de marché, alors que l'Etat cubain continue de contrôler plus de 90% de son économie.

Le journal officiel Granma a souligné lundi les travers du développement phénoménal de la Chine, confrontée selon lui à «une distribution inégale des revenus, à une différence marquée entre les villes et les campagnes, et à la dégradation de l'environnement».

La diplomatie cubaine semble de son côté montrer ces derniers de signes d'ouverture tous azimuts.

La Havane a renforcé ses liens avec son ancien allié moscovite de la guerre froide, le président Dmitri Medvedev étant attendu le 27 novembre, et a renoué en octobre la coopération avec l'Union européenne après un gel de cinq ans en raison de divergences sur la question des droits de l'Homme.

L'île communiste a intégré la semaine dernière le Groupe de Rio, qui comprend 22 autres pays d'Amérique latine, et accueilli favorablement l'élection à la présidence américaine de Barack Obama, qui s'est déclaré pour une détente avec l'île soumise depuis 1962 à un embargo américain.

M. Hu, qui avait participé le week-end dernier au sommet du G20 à Washington, doit quitter Cuba mercredi matin pour le Pérou, où se déroule samedi et dimanche le Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec).