Le président chinois Hu Jintao a entamé lundi soir sa première visite à Cuba depuis l'arrivée au pouvoir de Raul Castro, au moment où le gouvernement «frère» cubain est confronté à de graves difficultés économiques après le passage destructeur de trois puissants ouragans.

Accompagné d'une délégation d'hommes d'affaires, M. Hu, qui arrivait du Costa Rica, a été accueilli à l'aéroport de La Havane par le premier vice-président José Ramon Machado Ventura.Il doit rencontrer mardi des étudiants chinois avant d'être reçu en fin d'après-midi au Palais de la Révolution par son homologue Raul Castro et possiblement, dans un lieu tenu secret, par le frère et illustre prédécesseur de ce dernier, Fidel Castro, 82 ans.

Il s'agit de la deuxième visite à Cuba depuis 2004 du président Hu et sa première depuis que le «Lider Maximo» de la Révolution de 1959 a dû céder le pouvoir en février à son frère cadet pour des raisons de santé.

Peu avant son arrivée, les commissions intergouvernementales des deux pays ont paraphé une dizaine d'accords portant notamment sur l'achat par Pékin de sucre et de nickel, principal produit d'exportation cubain, ont rapporté les médias cubains sans plus de précisions.

La Chine est après le Venezuela le plus important partenaire commercial de Cuba avec des échanges de 2,7 milliards de dollars en 2007.

La visite de M. Hu intervient alors que l'économie cubaine a été frappée de plein fouet par le passage de trois ouragans qui ont causé officiellement depuis août pour près de 10 milliards de dollars de dégâts et entraîné une grave pénurie de certains fruits et légumes.

Si les deux pays «frères» ont réchauffé leurs liens depuis la chute de l'URSS en 1991, leur modèle de développement diverge encore: Pékin a depuis longtemps instauré une économie de marché alors que l'Etat cubain continue de contrôler plus de 90% de son économie.

Raul Castro, qui s'est rendu pour la dernière fois à Pékin en 2005 en tant que ministre de la Défense, avait promis des réformes structurelles, notamment une décentralisation de l'économie. Des projets qui n'ont guère avancé faute de l'appui de l'aile radicale du Parti communiste, selon experts et diplomates.

Le journal officiel du Parti communiste cubain, Granma, a d'ailleurs souligné lundi les travers du développement phénoménal de la Chine, confrontée à «une distribution inégale des revenus, à une différence marquée entre les villes et les campagnes, et à la dégradation de l'environnement».

Fidel Castro, qui continue de veiller minutieusement à l'évolution de la politique cubaine, a récemment exclu dans une chronique toute transition vers un système «capitaliste» à Cuba.

La diplomatie cubaine a elle montré ces derniers temps des signes d'ouverture.

La Havane a renforcé ses liens avec son ancien allié moscovite de la guerre froide, le président russe Dmitri Medvedev étant attendu le 27 novembre à Cuba, et renoué en octobre la coopération avec l'Union européenne après un gel de cinq ans en raison de divergences sur la question des droits de l'Homme.

Longtemps maintenu dans un certain isolement, l'île communiste a intégré la semaine dernière le Groupe de Rio qui comprend 22 autres pays d'Amérique latine. Et c'est au Brésil que Raul Castro doit effectuer à la mi-décembre sa première visite présidentielle à l'étranger.

Les autorités cubaines ont enfin accueilli favorablement l'élection à la présidence américaine de Barack Obama qui s'est déclaré pendant sa campagne favorable à une détente avec l'île soumise depuis 1962 à un embargo américain.

M. Hu, qui avait participé le week-end dernier au sommet du G20 à Washington, doit quitter Cuba mercredi matin en direction du Pérou où se déroule samedi et dimanche le Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec).