Les sauveteurs ont recommandé lundi de déblayer les décombres de l'école qui s'est effondrée en Haïti, jugeant «très très minces» les chances de retrouver des survivants, plus de trois jours après le drame qui a fait au moins 93 morts et 150 blessés.

«Nous avons inspecté les décombres à l'aide de caméras et de chiens. Nous n'avons malheureusement constaté aucun signe de vie», a déclaré le médecin commandant Daniel Vigier, lors d'une conférence de presse à Pétion-Ville, banlieue déshéritée de la capitale Port-au-Prince où l'école «La Promesse» s'est effondrée vendredi.

Le commandant Vigier a recommandé de procéder à la démolition de ce qui reste du bâtiment afin de retirer les cadavres qui se trouvent encore sous les gravats.

«Nous allons prendre toutes les précautions possibles» afin de préserver d'éventuels survivants, a-t-il ajouté, tout en estimant «très très minces» les chances de découvrir des rescapés trois jours après l'effondrement.

Plus de 700 élèves étaient inscrits dans l'école, dans laquelle ils se rendaient alternativement, à raison de deux vacations.

«À l'heure où l'accident s'est produit, on peut considérer qu'il y avait 350 écoliers à l'intérieur», a déclaré dimanche le ministre de la Jeunesse et des Sports, Evans Lescouflair.

L'établissement accueillait des élèves âgés de 3 à 20 ans. Coincée entre les maisons du quartier, la construction en dur s'élevait sur deux étages, tandis qu'un troisième était en construction.

Le propriétaire de l'école, Augustin Fortain, un pasteur évangélique, s'est rendu de lui-même samedi à la police. Il a été interrogé par les enquêteurs dimanche mais sans «être formellement accusé», selon le ministère de la Justice.

Selon des témoignages d'habitants du quartier, M. Fortain, âgé d'une cinquantaine d'années, aurait lui-même construit l'école sans faire appel à des spécialistes du bâtiment.

«Cet établissement n'était pas approprié pour être une école», a déclaré le ministre de la Justice Jean-Joseph Exumé, lors d'une visite sur place lundi.

«Il y a des démarches en cours au niveau du gouvernement pour ouvrir une enquête et déterminer les responsabilités», notamment pénales, a-t-il assuré.

Le ministre de la Justice a également indiqué qu'un «processus d'évaluation de certaines écoles» avait été lancé «afin de voir si elles comportent autant de risques» que celle de Pétion-Ville. Il a assuré que les écoles faisant l'objet d'évaluation négative seraient fermées.

«Je viens de parler au ministre de l'Éducation, il faut voir ensemble dans quelle mesure on peut prévenir ce genre d'accidents, a dit M. Exumé. Il y a de nombreux cas de ce genre qu'on pourrait éviter si les inspections étaient plus strictes».

Une équipe de pompiers français venant de la Martinique et des secouristes de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) se trouvaient sur place, ainsi que des secouristes canadiens. Des équipes de secours de l'ONU, de la Croix rouge, de Médecins sans Frontières et de la police haïtienne étaient aussi mobilisées.

En France, le ministre de l'Éducation Xavier Darcos a annoncé lundi une aide d'urgence de 20 000 euros pour contribuer à reconstruire une école dans le quartier.

Haïti est le pays le plus pauvre du continent américain. Il a été frappé récemment par une série d'ouragans meurtriers.