L'opposition de droite a facilement remporté dimanche la mairie de Sao Paulo, infligeant une défaite au président Luiz Inacio Lula da Silva dans la capitale économique du Brésil, au second tour des élections municipales, selon les sondages de sortie des urnes.

Le maire Gilberto Kassab (parti démocrate, DEM) a obtenu 60% des voix contre 40% à Marta Suplicy, du Parti des Travailleurs (PT, gauche). Les partis de la coalition gouvernementale autour du PT devaient néanmoins sortir vainqueur de ce scrutin en gagnant un nombre record de municipalités à travers le pays.

Le scrutin a eu lieu dimanche uniquement dans les trente villes de plus de 200 000 électeurs où aucun candidat n'avait obtenu la majorité absolue lors du premier tour le 5 octobre.

À Rio de Janeiro, le candidat centriste se réclamant de la coalition pro-Lula était crédité d'une légère avance sur le représentant du Parti vert, un ex-guérillero soutenu par l'opposition sociale-démocrate (PSBD) et la droite. Mais le résultat était trop serré (51% contre 49%) pour que les sondages de sortie des urnes, réalisés par l'institut Ibope, puissent se prononcer sur l'issue du scrutin.

Dans la troisième grande ville du pays, Belo Horizonte (sud-est), c'est un représentant de l'opposition social-démocrate qui a été élu, selon les sondages.

Plus de 27 millions de Brésiliens étaient appelés aux urnes dans tout le pays.

La bataille électorale s'est surtout concentrée dans les deux villes phares de ce pays de 190 millions d'habitants: Sao Paulo, qui compte 11 millions d'habitants, et Rio de Janeiro (sud-est).

Cette élection, aux enjeux le plus souvent locaux, permet néanmoins de mesurer les rapports de force politiques à deux ans de l'élection présidentielle de 2010, à laquelle Lula ne pourra pas se représenter, ayant déjà été élu deux fois, en 2002 et 2006.

Si les urnes confirmaient les résultats du premier tour et les sondages, le PT devrait sortir vainqueur du scrutin. Le parti fondé par Lula en 1980 devrait conquérir vingt-trois grandes villes, cinq de plus qu'aujourd'hui.

Son principal allié, le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre) devrait empocher quatorze grandes villes.

En revanche l'opposition, dont le Parti socialiste démocratique brésilien (PSDB, social-démocrate), devrait perdre dix mairies en ne remportant que dix-sept grandes villes, selon les projections.

Mais ce succès de la coalition gouvernementale risque d'être en partie éclipsé par l'échec de Marta Suplicy, une proche de Lula, à Sao Paulo. Cet l'échec sonnera vraisemblablement le glas de ses espoirs présidentiels.

À Rio, le centriste Eduardo Paes et le Vert Fernando Gabeira étaient au coude à coude.

Eduardo Paes, un avocat de 38 ans qui a déjà changé cinq fois de parti, est soutenu par la gauche et les populations des quartiers les plus pauvres de la ville, alors que le journaliste Fernando Gabeira, 67 ans, un des fondateurs du PT, a l'appui des habitants des quartiers aisés.

L'ex-guérillero, qui avait participé à l'enlèvement de l'ambassadeur américain Charles Elbrick en 1969 pendant la dictature, a même reçu le soutien des militaires les plus conservateurs opposés à Lula.