Le président colombien Alvaro Uribe a annoncé mercredi soir qu'il acceptait de dialoguer avec les représentants des indigènes qui ont lancé un mouvement national pour réclamer plus de terres et un dialogue direct avec le chef de l'Etat, sans obtenir de réponse positive de leur part.

Après plus de dix jours de manifestations et blocage de routes, la mort de trois indigènes et le lancement mardi d'une marche à laquelle participent selon leurs représentants quelque 18.000 autochtones dans le sud-ouest du pays, le chef de l'Etat a fait cette proposition lors d'une allocution solennelle à la télévision.

«Le gouvernement, sera, en ma présence, dans la ville de Popayan (600 km au sud-ouest de Bogota) dimanche à 9h00, pour entamer avec leurs représentants le nouveau dialogue que réclament les communautés indigènes», a annoncé M. Uribe.

Feliciano Valencia, le dirigeant du Conseil régional indigène du Cauca (CRIC), le département où a été lancée la marche, a cependant refusé, jeudi matin, les conditions du dialogue proposé par le chef de l'Etat.

«Nous marchons vers Cali (500 km au sud-ouest de Bogota, troisième ville du pays, ndlr) et nous avons été clairs avec les gens et le gouvernement: toute réunion doit être tenue avec le peuple lors d'un débat public à Cali», a-t-il déclaré à plusieurs médias colombiens.

Gilberto Yafué, de la commission politique du CRIC, a pour sa part affirmé à l'AFP que le président cherchait uniquement à mettre fin à la marche des indigènes avant qu'elle relie Cali et à «faire taire les gens».

«Nous avons attendu quatre ans (depuis la dernière marche, nldr). Il ne va pas désormais poser ses conditions. Il avait déjà promis un débat et ne s'est jamais montré», a-t-il déclaré à l'AFP.

Alvaro Uribe a pour sa part souligné mercredi soir que les indigènes, qui représentent 3,2% de la population, possèdent déjà 27% du territoire.