Le président bolivien, Evo Morales, a pris lui-même la tête lundi d'une «marche historique» de plusieurs dizaines de milliers d'ouvriers, paysans et indigènes pour exiger du Congrès qu'il convoque un référendum sur le projet gouvernemental de nouvelle Constitution, contesté par l'opposition.

«Ils doivent tenir une session jusqu'à la mi-journée (lundi), ils doivent approuver la loi (en faveur d'un référendum, NDLR), sinon nous fermerons le Congrès. Nous sommes déjà à El Alto», à 12 km aux portes de La Paz, a déclaré Fidel Surco, un des leaders syndicaux de cette mobilisation rassemblant plusieurs dizaines de milliers de personnes.«Ils (le Congrès) doivent approuver la loi. Sinon qu'ils fassent leurs valises», a pour sa part lancé Pedro Montes, autre dirigeant syndical.

En se joignant lui-même à cette marche, M. Morales, un ancien chef syndicaliste, a assuré que «cet effort du peuple bolivien ne saurait être vain».

A l'intérieur du Congrès, une commission parlementaire réunissant les partis de la majorité et de l'opposition est engagée dans une course contre la montre en quête d'un accord sur un référendum constitutionnel.

«Nous espérons que les parlementaires peuvent comprendre l'effort que manifeste le peuple dans cette marche», a déclaré le président bolivien qui avait lancé en personne lundi dernier cette «marche historique» de 200 km à travers les Andes pour défendre son projet de nouvelle Constitution.

Le projet que ses partisans souhaitent voir soumis à un référendum populaire, vise à redistribuer les richesses au profit des communautés défavorisées des Andes. Il se heurte aux gouverneurs libéraux et autonomistes des régions prospères, situées dans l'est du pays.

Cette crise politique a débouché en septembre sur des affrontements qui ont fait au moins 18 morts, faisant craindre un risque de guerre civile.

Un accord pourrait être conclu au Congrès lundi si les principales divergences entre majorité et opposition sont dépassées.

Le Congrès travaille sur «quelques formules pour trouver un accord», a indiqué le sénateur du parti d'opposition libéral Podemos, Roger Pinto, sans plus de précision.

Les syndicats d'habitants pro-gouvernementaux de El Alto contrôlaient lundi les entrées et les sorties de passagers du principal aéroport de La Paz de crainte que ne s'en aillent les parlementaires de l'opposition.

«Nous allons surveiller que les parlementaires ne s'en aillent pas car ils ont dit qu'ils ne voulaient pas approuver le référendum constitutionnel», a déclaré à l'AFP Jorge Chavez, chef de la puissante Fédération de comités regroupant les habitantse de El Alto et qui participe à la mobilisation.

Pour que la loi sur la convocation du référendum constitutionnel soit approuvée, il est nécessaire d'obtenir deux tiers des votes (105 de 157 sièges). Toutefois le Mouvement vers le socialisme (MAS), le parti gouvernemental, qui ne possède que la majorité simple (84 sièges), soutient que celle-çi suffit pour ce vote. Les trois forces de l'opposition libérale rassemblent 73 parlementaires.

Au Congrès, on redoutait lundi d'éventuels débordements violents avec l'approche des manifestants aux portes de la capitale.

«Nous espérons qu'il s'agit d'une marche pacifique. S'il y a de la violence, ce relèvera de la responsabilité directe du président qui a fait la promotion de la marche dès le début», a souligné Antonio Franco, un député de l'opposition.