L'ex-président argentin Carlos Menem, actuel sénateur de l'opposition, devait être jugé à partir de jeudi à Buenos Aires pour contrebande d'armes présumée avec l'Equateur et la Croatie, lorsque ces deux pays étaient en guerre dans les années 90.

Ce procès devrait durer environ sept mois, au cours desquels seront appelés à la barre quelque 500 témoins.M. Menem, aujourd'hui âgé de 78 ans et qui fut président de 1979 à 1989, n'assistera pas à cette audience en raison de son état de santé, a indiqué à l'AFP son avocat, Omar Daer. Seize autres personnes, dont des anciens ministres, figurent également parmi les accusés.

Carlos Menem, péroniste libéral maintes fois accusé de corruption, est accusé d'avoir ordonné l'envoi clandestin d'armes pour une valeur d'au moins 400 millions de pesos (123 millions de dollars actuels) entre 1991 et 1995 à destination des Balkans et de l'Equateur.

Il pourrait être condamné à une peine minimum de 12 ans de prison. Il n'irait toutefois pas en prison en raison de l'immunité parlementaire dont il jouit en qualité de sénateur pour sa province natale de La Rioja (nord-ouest), à moins que celle-ci ne soit levée par ses pairs.

L'accusation se fonde notamment sur trois décrets secrets signés par l'ex-président prévoyant l'envoi au Panama et au Venezuela de 6.500 tonnes de fusils, canons, roquettes anti-char et munitions quand en réalité ces armes ont été acheminés vers l'Equateur et la Croatie.

Ces armes ont fait surface en 1995 en Equateur à l'occasion de la guerre de la Cordillère des Andes, quand l'Equateur et le Pérou se sont affrontés pour un problème de limite territoriale. Or, l'Argentine ne pouvait vendre des armes ni à Lima ni à Quito en qualité de garant de l'accord de paix que les deux pays avaient signé en 1942.

Quant aux envois d'armes en Croatie, ils violaient l'embargo des Nations unies imposé pendant la guerre qui a ravagé l'ex-Yougoslavie dans les années 90.

Carlos Menem a déjà été détenu dans le cadre de cette affaire pendant cinq mois en 2001 avant d'être libéré suite à une décision de la Cour suprême, dont la plupart des membres lui étaient favorables.

L'affaire a toutefois été rouverte après l'arrivée au pouvoir de l'ex-président Nestor Kirchner en 2003, un péroniste de gauche ennemi juré de Carlos Menem, pourtant lui-même péroniste mais d'inspiration libérale.

Les deux hommes s'étaient affrontés au premier tour de l'élection présidentielle en 2003. Carlos Menem était arrivé en tête de ce premier tour, mais avait préféré se retirer de la course pour éviter une défaite annoncée, permettant à son adversaire Nestor Kirchner d'être automatiquement élu.