L'ex-otage franco-colombienne Ingrid Betancourt, la voix étouffée par les sanglots, a lancé mercredi à Bruxelles devant des eurodéputés émus, un appel à ne pas oublier les autres otages de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

«Je voudrais vous supplier, que les applaudissements qui s'élèveront de cette enceinte puissent leur porter à travers l'espace qui nous sépare notre grand amour, toute notre force et toute notre énergie. Qu'ils sachent que notre engagement est absolu, qu'ils aient la certitude que nous ne nous tairons jamais, et que nous ne cesserons jamais d'agir jusqu'à ce qu'ils soient tous libres», a-t-elle déclaré lors d'une séance solennelle dans un hémicycle plutôt clairsemé.

Elle a ensuite égrené les noms des 29 otages dits politiques restant encore aux mains des Farc.

Trois mois après sa libération, l'ancienne candidate à l'élection présidentielle colombienne, la voix souvent brisée par l'émotion ou les sanglots, a remercié à plusieurs reprises le Parlement européen de s'être battu pour elle.

«Tout a commencé ici, merci».

«Le Parlement européen est devenu une plate-forme pour que le monde connaisse l'ampleur de la barbarie que nous avons subie et que plus de 3.000 de mes compatriotes subissent encore», a-t-elle ajouté, célébrant un parlement «temple de la parole».

«Chaque fois que l'un de vous parle dans cette enceinte, l'infamie recule. Oui, les mots ont une véritable emprise sur le monde réel», a-t-elle affirmé.

«J'arrive plein d'admiration dans une enceinte qui ne cesse de me faire envie», a encore dit l'ancienne otage.

Mme Betancourt n'a pas oublié les autres «victimes» à travers le monde: la dirigeante de l'opposition birmane Aung San Suu Kyi, assignée à résidence, qui «a plus besoin que jamais de nos paroles pour la porter», ainsi que le soldat israélien Gilad Shalit.

Lors d'une conférence de presse après son audition, elle a d'autre part indiqué sa volonté de se rendre au Zimbabwe «pour soutenir la démocratie et les libertés individuelles», au Darfour pour «embrasser les mères et les enfants déplacés» ou encore en Somalie.