Les Equatoriens ont commencé à voter dimanche sur un projet de Constitution cher au président Rafael Correa, destiné à consolider dans ce pays andin le «nouveau socialisme», qui a déjà séduit au Venezuela et en Bolivie.

Le scrutin obligatoire, auquel sont appelés à participer 9,7 millions d'électeurs, s'est ouvert à 07h00, a annoncé le tribunal électoral.

«La décision que prendra aujourd'hui le peuple équatorien va définir le modèle de société dans lequel nous allons vivre à l'avenir», avait déclaré peu avant, lors d'une cérémonie marquant l'ouverture du scrutin à Quito, le socialiste Rafael Correa.

Le processus qui a conduit à ce référendum est le «reflet d'une patrie et même d'une Amérique latine en pleine démocratie, en pleine ébullition», a ajouté le président de 45 ans, qui portait la traditionnelle chemise brodée des indigènes.

Le projet de Constitution en 444 articles consacre le pouvoir de l'État sur l'économie, en lui réservant la «planification du développement» du pays.

Porté par M. Correa, élu en 2006, il accorde aussi des pouvoirs renforcés au chef de l'État pour mettre fin à l'instabilité politique qui régnait jusque-là en Équateur, où trois présidents ont été renversés en dix ans.

Le président pourra effectuer jusqu'à deux mandats consécutifs de quatre ans et aura la possibilité de dissoudre l'Assemblée, à condition de convoquer dans la foulée de nouvelles élections.  

Si la Constitution est entérinée, Rafael Correa a déjà annoncé qu'il usera de ce pouvoir et remettra son mandat en jeu, en février 2009.

La Constitution consolide en outre le principe de la gratuité des services de santé et d'éducation que M. Correa a commencé à instaurer dans ce pays de 13,9 millions d'habitants, jusque-là très inégalitaire, où 50% de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Jusqu'à la veille du référendum, les sondages ont donné une marge confortable au oui --entre 61 et 58% des intentions de vote-- en dépit des cris d'alarme de l'opposition conservatrice, persuadée que le nouveau régime entraînera une fuite de capitaux et un exercice du pouvoir présidentiel presque dictatorial.

«Je vais voter Oui. Tout le monde est pour le oui, car (Correa) soutient les pauvres», déclarait à l'AFP une électrice, Maria Elena Calasulli, juste avant de faire son devoir dans un bureau de vote de Cangahua, en terre quechua, à quelque 50 km au nord de Quito.

L'opposition de l'Eglise, qui a vu dans le texte une brèche vers la légalisation de l'avortement et le mariage des homosexuels, n'a pas non plus refroidi les électeurs de ce pays très majoritairement catholique.

Le texte s'inscrit dans la lignée de réformes promues par les deux autres tenants de la gauche anti-libérale sud-américaine.

Au Venezuela, l'allié Hugo Chavez avait fait adopter une nouvelle Constitution en 1999, un an seulement après son élection. Il a depuis voulu introduire d'autres réformes constitutionnelles, en décembre 2007, mais n'a pas obtenu gain de cause.

Le Bolivien Evo Morales, élu en 2005, cherche aussi à réformer la Constitution mais fait face à la fronde des régions prospères du sud et du sud-est, où des violences ont fait au moins 18 morts début septembre.

De très nombreux Equatoriens de l'étranger (environ trois millions d'émigrés), pourront voter, notamment aux États-Unis, en Espagne et en Italie, les trois principaux pays d'émigration.

Le scrutin, souvent interprété comme un plébiscite pour ou contre Rafael Correa tant la campagne a tourné autour de sa personnalité flamboyante, se déroulera jusqu'à 17h00.

Des résultats partiels sont attendus dans la soirée.