L'attentat qui a fait huit morts le 15 septembre à Morelia, dans l'ouest du Mexique, pendant la célébration de la Fête nationale, visait à «provoquer le gouvernement», selon l'un des trois hommes qui ont avoué être les auteurs.

«Provoquer le gouvernement, tel était plus ou moins l'objectif, à ce que j'ai compris», a déclaré Juan Carlos Castro Galeana lors d'un interrogatoire dont le Bureau du procureur général de la République (PGR) a diffusé des images sur son site Internet.    Il a affirmé avoir reçu pour instruction de lancer sa grenade «juste après 23H00», sans cible particulière.

   «Je n'avais qu'une idée, m'en défaire, sans savoir où la lancer. J'ai paniqué, et je l'ai lancée (...) Je l'ai dégoupillée et je l'ai lancée», a-t-il ajouté, précisant aussi l'avoir jetée par-dessus son épaule.

   Après avoir lancé sa grenade, Juan Carlos Castro Galeana ne s'est pas approché pour constater les dégâts: «non, pas du tout. J'étais une pelote de nerfs, je ne me suis pas approché», a-t-il expliqué. Il sait que l'explosion a causé «beaucoup de morts et une catastrophe gigantesque, d'une ampleur irréparable».

    Le deuxième suspect, Julio Cesar Mondragon Mendoza, a déclaré avoir eu pour mission de lancer la grenade là où il n'y aurait personne, et s'être éloigné de la place bondée, selon la vidéo de son interrogatoire.

   «J'ai traversé la place jusqu'à la cathédrale, puis deux pâtés de maisons plus loin», a-t-il raconté. Pressé de fuir, il a lancé sa grenade contre «une voiture de patrouille», qui était «vide, sans policiers à l'intérieur» selon lui.

   Très calme lors de son interrogatoire, Julio Cesar Mondragon Mendoza a expliqué être arrivé sur la place avec sa grenade «dans une poche de pantalon». En attendant l'heure prévue pour l'attentat, il a «mangé un hot-dog et un hamburger».

   Juan Carlos Castro Galeana, Julio Cesar Mondragon Mendoza et un troisième homme, Alfredo Rosas Elizea, arrêtés jeudi grâce à une dénonciation anonyme, ont avoué faire partie de l'organisation criminelle Zetas et avoir commis l'attentat sur ordre, selon les services du procureur.

   «Ils ont reconnu être des membres actifs des Zetas, mais ils n'ont pas planifié l'attentat. On leur a ordonné de le commettre et on les a payés pour cela», a précisé à l'AFP un représentant des services du procureur.

   Cette organisation de malfaiteurs constituée dans les années 90 par des militaires déserteurs impliqués dans le trafic de drogue est considérée comme le bras armé du «Cartel du Golfe».

   Après l'attentat, les autorités avaient rapidement envisagé l'hypothèse d'un «avertissement» du crime organisé à l'adresse du gouvernement mexicain. Le président conservateur Felipe Calderon est en effet originaire de l'État de Michoacan et la politique contre le crime qu'il a mise en oeuvre depuis son arrivée au pouvoir, en 2006, est appuyée par le gouverneur local.

   Tous les experts s'accordent à voir dans cet attentat une «escalade» de la violence attribuée au crime organisé, en particulier aux cartels de la drogue.

    La violence a fait plus de 3.000 morts au Mexique depuis le début de 2008, malgré le déploiement de plus de 36.000 militaires et policiers.

   Mais les règlements de compte s'étaient jusqu'alors limités à des échanges de coups de feu.