«Quand j'entre dans Beaumont, je sens l'âme de mes ancêtres», s'émeut Pierre Libert, maire bel et bien vivant de cette commune «fantôme». Dès le XVIIIe siècle, les aïeux de l'ancien colonel de 73 ans s'y sont établis. En mai 1913, la mère de Pierre Libert est la dernière née au village. Un an plus tard, les 185 habitants sont évacués et se réfugient, pour la plupart, dans le midi de la France. Ils ne se réinstalleront jamais dans la commune, totalement détruite pendant la Grande guerre.

 

«À l'époque, Beaumont se situait à quelques kilomètres de la frontière allemande. Dans cette zone, il y avait un canon tous les mètres», explique le militaire à la moustache blanche avant de poursuivre, désolé: «quand mon grand-père est retourné au village après le conflit, il n'y avait plus une pierre au-dessus de l'autre. Seules deux ou trois tombes du cimetière ont été épargnées».

A la fin des hostilités, le village est classée «zone rouge» en raison de ses sols pollués et criblés de munitions. Beaumont-en-Verdunois et cinq autres communes de la Meuse n'ont jamais été reconstruites. Fait unique en France, ces villages sans habitant conservent une existence administrative, en souvenir des événements qui s'y sont déroulés.

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