Deux cent dix-huit morts. Le bilan du naufrage du transbordeur MV Nyerere dans le sud du lac Victoria, en Tanzanie, ne cessait de s'alourdir samedi au troisième jour des opérations de recherches, même si, à la surprise générale, un survivant a été extrait de l'épave.

Les plongeurs des équipes de recherches continuaient samedi soir leur travail autour de la coque qui affleurait encore à quelques dizaines de mètres à peine de l'île d'Ukara, la destination finale du transbordeur, sous le regard de centaines d'habitants, a rapporté un journaliste de l'AFP.

« Nous déplorons au moment où nous parlons 218 morts et les opérations se poursuivent », a déclaré samedi soir John Mongella, le gouverneur de la région de Mwanza (nord-ouest), à la télévision publique TBC One.

Le gouverneur a par ailleurs assuré qu'un « dispositif » permettant de « retourner » l'épave ayant chaviré, et donc d'accélérer les recherches, était en chemin pour Ukara. « Nous attendons d'un moment à l'autre les spécialistes et le dispositif pour retourner le transbordeur. Ils ont promis de se mettre à l'oeuvre dès leur arrivée ».

Sur le rivage de l'île, des dizaines de cercueils en bois ont été alignés, attendant d'être récupérés par les proches des victimes, a rapporté un journaliste de l'AFP.

« Demain matin (dimanche), nous allons commencer à inhumer ici les corps qui n'auront pas encore été identifiés par des proches. La cérémonie sera présidée par le premier ministre, Kassim Majaliwa, et les représentants des différentes confessions religieuses seront là », a souligné M. Mongella.

Peu savent nager

Le MV Nyerere a chaviré jeudi après-midi à quelques dizaines de mètres à peine d'Ukara, le bilan élevé étant attribué au fait que peu de gens savent nager dans cette région du monde.

Les témoins et les survivants ont donné deux versions de la catastrophe, mais la surcharge du navire semble d'ores et déjà en cause: le nombre de morts - 218 - additionné au nombre de rescapés - 41 - surpasse largement la capacité du bateau, établie à 101 personnes. Le nombre exact de personnes se trouvant à bord du bateau au moment du drame reste pour l'heure inconnu.

Selon certains, des passagers se sont déplacés vers l'avant du navire à l'approche du débarcadère, un mouvement qui pourrait avoir déséquilibré le bateau. Selon d'autres, la personne se trouvant à la barre, distraite par son téléphone portable, a raté la manoeuvre d'approche et, souhaitant se rattraper, a effectué une manoeuvre brutale qui a fait chavirer le transbordeur.

Capitaine absent, un subordonné inexpérimenté à bord

Le président tanzanien John Magufuli avait par ailleurs indiqué vendredi soir que les premiers éléments de l'enquête indiquaient que le capitaine du bateau ne se trouvait pas à bord, mais avait délégué ses fonctions à un subordonné sans expérience.

La navigation peut être difficile sur le plus grand lac d'Afrique, où elle se fait souvent sur des navires vétustes et trop chargés, les autorités sont souvent peu regardantes sur la sécurité. En 1996, quelque 800 personnes, selon la Croix-Rouge, avaient trouvé la mort dans le naufrage du transbordeur Bukoba, surchargé de passagers, à quelques milles au large de Mwanza.

L'espoir de voir évoluer le nombre de rescapés est désormais quasiment nul, même si, contre toute attente, l'ingénieur du transbordeur a été extrait vivant de l'épave à la mi-journée, après avoir survécu pendant près de deux jours dans un compartiment du navire encore rempli d'air, a indiqué un député local.

Evoquant une « négligence », le président tanzanien a ordonné vendredi soir que « toutes les personnes impliquées dans la gestion du transbordeur » soient arrêtées. « Les responsables seront absolument punis », a-t-il promis, décrétant également un deuil national de quatre jours.

Le transbordeur MV Nyerere, du nom du premier président tanzanien Julius Nyerere, assurait la liaison entre l'île d'Ukara et celle, située juste en face, d'Ukerewe, qui abrite la localité de Bugolora, où les habitants d'Ukara viennent régulièrement s'approvisionner.

Après le pape François vendredi, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a présenté ses condoléances « aux familles des victimes, au gouvernement et au peuple de la République unie de Tanzanie ».

Après le pape François vendredi, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a présenté ses condoléances « aux familles des victimes, au gouvernement et au peuple de la République unie de Tanzanie ».