Les troupes du gouvernement du Soudan du Sud ont enfreint le nouveau cessez-le-feu du pays quelques heures seulement après son entrée en vigueur, a soutenu l'opposition sud-soudanaise samedi, alors qu'un porte-parole gouvernemental a affirmé que c'était plutôt les rebelles qui avaient violé l'entente en lançant une attaque.

Ces accusations mutuelles témoignent de la fragilité de la plus récente tentative pour mettre fin à une guerre civile qui, depuis son début il y a près de cinq ans, a fait des centaines de milliers de morts et provoqué la plus importante crise de réfugiés du continent africain depuis le génocide du Rwanda en 1994.

Des millions de personnes risquent la famine alors que les convois d'aide humanitaire sont souvent stoppés avant d'arriver à destination.

Le président Salva Kiir et son rival, l'ancien vice-président Riek Machar, avaient accepté de décréter une trêve « permanente » plus tôt cette semaine à la suite de leur première rencontre en près de deux ans. Ils avaient ensuite ordonné à leurs partisans de respecter cet accord.

Le précédent cessez-le-feu en décembre n'avait tenu que quelques heures, poussant la communauté internationale à menacer les deux camps de sanctions.

Dans le cas de la présente trêve, Salva Kiir et Riek Machar s'exposaient à un embargo sur les armes et à d'autres mesures punitives s'ils ne s'entendaient pas avant samedi.

Selon l'analyste et activiste sud-soudanais Jon Pen de Ngong, les violations rapides aux cessez-le-feu sont une « tradition » dans le Soudan du Sud non pas parce que les deux leaders ne sont pas prêts à respecter leur parole, mais plutôt parce qu'ils n'ont pas beaucoup de contrôle sur leurs troupes.

M. de Ngong a ajouté que les cessez-le-feu étaient fragiles parce que ce n'étaient pas toutes les factions armées qui prenaient part aux négociations.