Le gouvernement tchadien est inquiet de la sécurité en Libye où sont présents des « mercenaires » du Tchad, selon un communiqué reçu le 27 juin par l'Agence France-Presse (AFP) à N'Djamena.

« La montée en puissance de la guerre que se livrent les frères ennemis libyens par mercenaires interposés préoccupe au plus haut point le Tchad en sa qualité de pays voisin », indique ce communiqué.

La Libye « représente une source de menace potentielle pour l'ensemble des pays de la sous-région », et le gouvernement tchadien attire « l'attention de la communauté internationale sur la pratique récurrente du mercenariat dans cette crise libyenne et le développement du trafic de drogue, des armes et des êtres humains ».

Fin mai, le Niger, le Tchad et le Soudan ont signé un accord de coopération sécuritaire avec la Libye pour lutter contre ces trafics.

« Une information judiciaire est ouverte » pour « identifier tous ceux qui seraient impliqués dans ces pratiques mercantiles », affirme le texte. « Toutes les dispositions sont prises pour sécuriser nos frontières », ajoute-t-il.

De nombreux ressortissants tchadiens vivent en Libye, dont la frontière avec le Tchad est poreuse.

Le président, Idriss Déby, s'affiche proche de l'homme fort de l'est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, qui a lancé la semaine dernière une offensive pour reconquérir le Croissant pétrolier situé dans le nord-est libyen.

Plusieurs Tchadiens ont été arrêtés par les forces d'Haftar après cette offensive contre le chef militaire Ibrahim Jadhra, qui était appuyé par plus de 1000 « mercenaires tchadiens », selon le porte-parole de l'armée d'Haftar, Ahmed al-Mesmari.

La Libye abrite plusieurs groupes rebelles tchadiens, qui déclarent tous ne pas pratiquer le mercenariat et ne pas vouloir se mêler des affaires libyennes. Ils accusent régulièrement Idriss Déby d'utiliser ses alliés libyens pour s'attaquer à leurs positions.

Le porte-parole des rebelles de l'Union des forces de la résistance, Youssouf Hamid, accuse Idriss Déby d'avoir laissé des Tchadiens aller se battre aux côtés d'Haftar.

Les diverses rébellions tchadiennes ne peuvent survivre en Libye qu'avec des aides financières, le mercenariat et les trafics, estime Jérôme Tubiana, chercheur spécialiste du Tchad, basé à Paris.