Les dirigeants des États d'Afrique de l'Est se retrouvent jeudi après-midi à Addis Abeba pour donner une nouvelle impulsion au processus de paix au Soudan du Sud, au lendemain de la première rencontre en deux ans entre le président sud-soudanais Salva Kiir et le rebelle Riek Machar.

Les deux hommes se sont rencontrés mercredi soir, également à Addis Abeba, après y avoir été invités par le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, qui préside l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), organisation régionale qui oeuvre depuis de longs mois à réactiver le processus de paix.

Le contenu des discussions n'a pas été révélé, mais des images de la rencontre montrent MM. Kiir, Machar et Abiy enlacés maladroitement dans une accolade à trois, affichant de larges sourires.

MM. Kiir et Machar s'étaient avant cela rencontrés pour la dernière fois en juillet 2016, quelques heures avant que n'éclatent dans la capitale Juba d'intenses combats entre leurs forces.

Ces affrontements avaient forcé le chef rebelle à fuir le pays, et avaient signifié l'échec d'un accord de paix conclu en août 2015 ayant permis à M. Machar d'être réinstallé au poste de vice-président.

Les chefs d'État des pays membres de l'Igad - notamment le Soudanais Omar el-Béchir, le Kényan Uhuru Kenyatta, le Somalien Mohamed Abdullahi Mohamed - devraient tenter jeudi d'accentuer la pression sur MM. Kiir et Machar afin de relancer un processus de paix au point mort.

Le conflit au Soudan du Sud, qui a éclaté en décembre 2013, deux ans après l'indépendance du pays, a fait des dizaines de milliers de morts, près de quatre millions de déplacés (sur une population de 12 millions d'habitants) et provoqué une crise humanitaire catastrophique.

« Il faut que le Soudan du Sud sorte de cette crise tragique », a déclaré jeudi le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Workneh Gebeyehu, lors d'une réunion ministérielle en prélude au sommet des chefs d'État.

Les observateurs se veulent toutefois prudents quant à l'issue de ces pourparlers et évoquent les nombreux cessez-le-feu violés depuis le début du conflit ainsi que la profonde défiance entre MM. Kiir et Machar. Ils s'interrogent aussi sur la capacité des deux hommes à mettre un terme à une guerre dans laquelle s'affrontent de nombreux groupes armés.

Il n'est par ailleurs pas certain que M. Kiir soit disposé à faire la moindre concession. Ses forces semblent en passe de prendre le dessus militairement face à une rébellion de plus en plus éclatée.

Début juin, le Conseil de sécurité de l'ONU avait donné jusqu'à la fin du mois aux belligérants pour faire respecter ce cessez-le-feu et arriver à « un accord politique viable », brandissant la menace de sanctions.