Au moins 41 personnes, dont 20 enfants, sont mortes à la suite de la rupture mercredi soir d'un barrage dans le centre du Kenya, des rescapés qualifiant les eaux boueuses et tumultueuses emportant leurs habitations d'« enfer sur terre ».

Le pays, qui sort d'une sécheresse aiguë, est depuis mars et le début de la longue saison des pluies soumis à de fortes précipitations qui ont entraîné des inondations causant la mort de quelque 170 personnes.

Mercredi vers 21h (heure locale), le barrage privé Patel, sur la commune de Solai, situé près de la ville de Nakuru (environ 160 km au nord de Nairobi) a cédé et ses eaux ont balayé les modestes habitations de cette zone rurale.

Toute la nuit, les services de secours, Croix-Rouge kényane en tête, ont été à pied d'oeuvre pour mettre à l'abri les rescapés et récupérer les victimes.

« En l'état, nous avons 41 morts dans cette tragédie », a déclaré à l'AFP Gideon Kibunjah, responsable policier régional, précisant que 20 des victimes étaient des enfants. Un précédent bilan faisait état de 32 morts.

« C'est une catastrophe, car la plupart des habitants étaient endormis quand la tragédie s'est produite et leurs maisons ont été emportées » par les eaux, a-t-il ajouté.

Au moins 36 personnes ont par ailleurs été admises dans des établissements médicaux de la région.

« Nous étions en train de souper (...) avec mes parents et mon frère cadet. Je ne sais pas où ils se trouvent. J'ai été emporté par les eaux, mais, par chance, j'ai pu m'accrocher à un arbre et j'y suis resté jusqu'à ce que l'eau redescende », a témoigné Ngugi Njoroge depuis son lit d'hôpital.

Ensuite « j'ai appelé à l'aide. Si je suis vivant, c'est grâce à Dieu », a ajouté M. Njoroge avant d'ajouter : « c'était comme l'enfer sur terre ».

D'après plusieurs sources locales interrogées par l'AFP, le barrage était utilisé pour l'irrigation et entouré d'habitations de fortune d'ouvriers agricoles employés dans les exploitations environnantes.

« Couverts de boue »

Les photos de la tragédie montrent les équipes des secours affairées dans les décombres de maisons construites avec des structures en bois et des toits en tôle ondulée.

« Nous avons découvert 11 cadavres couverts de boue dans une plantation de café », a précisé à l'AFP une policière qui a requis l'anonymat.

« Ce sont sûrement des gens qui ont essayé de s'enfuir, mais qui n'y sont pas parvenus en raison de la puissance et de la vitesse des flots en provenance du barrage », a-t-il expliqué.

« La plupart sont des enfants et des femmes qui n'ont semble-t-il pas pu courir assez rapidement, et des personnes âgées aussi », a-t-il ajouté.

D'après une estimation de la Croix-Rouge kényane, quelque 500 familles ont été affectées par la catastrophe.

« Nous avons ouvert un centre sur place pour que les familles enregistrent leurs proches portés disparus et pour nous permettre de les réunifier », a pour sa part déclaré le gouverneur du comté de Nakuru, Lee Kinyanjui.

Dans un bref communiqué, la présidence kényane s'est dite « attristée » par les pertes en vies humaines et salué le travail des équipes de secours.

Plus de 170 personnes sont mortes au Kenya à cause des inondations depuis le début de la saison des pluies en mars, selon un dernier bilan du gouvernement kényan rendu public mercredi (132 morts), auquel s'ajoutent les victimes de la catastrophe du barrage de Solai.

Le Kenya connaît deux saisons des pluies annuelles : la courte, d'octobre à décembre, et la longue entre mars et juin. Les trois dernières saisons avaient été pauvres en précipitations, mais celle en cours a vu des pluies torrentielles s'abattre sur une bonne partie du pays et dans le reste de l'Afrique de l'Est.

La Croix-Rouge kényane a récemment lancé un appel aux dons de 5 millions de dollars pour venir en aide aux sinistrés dans 32 des 47 comtés du pays.

Les inondations ont emporté des ponts et des maisons. Dans plusieurs régions, l'armée a hélitreuillé les habitants pris au piège dans leurs maisons submergées.

Au Rwanda, 215 personnes sont mortes depuis janvier dans les inondations et glissements de terrain causés par les fortes précipitations, selon les autorités.

La Somalie a également été durement touchée, après avoir connu une grave sécheresse. La ville de Beledweyne, dans le centre-sud du pays, a été envahie par les eaux du fleuve Shabelle et l'Amisom, la mission de l'Union africaine en Somalie, est intervenue pour évacuer quelque 10 000 habitants.