Le Conseil de sécurité a adopté jeudi à l'unanimité une résolution renouvelant pour un an sa mission de paix au Soudan du Sud, assortie de la menace d'imposer à l'avenir un éventuel embargo sur les armes pour ce pays.

La résolution rédigée par les États-Unis souligne que le Conseil de sécurité est prêt «à étudier toutes mesures appropriées, y compris un embargo sur les armes, pour priver les belligérants des moyens de continuer à combattre».

Un diplomate d'un pays membre du Conseil de sécurité, réclamant l'anonymat, a tenu à souligner que la résolution, focalisée sur le renouvellement de la mission des Casques bleus, n'appelait pas à l'adoption d'un embargo sur les armes. Il ne s'agit que de mentionner cette possibilité, a insisté ce diplomate.

Fin 2016, sous la précédente administration démocrate de Barack Obama, les États-Unis avaient échoué à trouver une majorité au Conseil de sécurité pour imposer un embargo sur les armes au Soudan du Sud. Huit pays - incluant la Russie, la Chine, l'Angola, l'Égypte et le Sénégal - s'étaient alors abstenus lors d'un vote. Neuf voix sur 15 sont nécessaires pour l'adoption d'une résolution, sans utilisation de veto d'un membre permanent.

Sous l'impulsion de l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley, qui s'est rendue dans le pays en 2017 pour faire pression sur les dirigeants sud-soudanais, en vain jusqu'à présent, les États-Unis de Donald Trump avaient repris notamment ces derniers mois cette antienne de l'embargo sur les armes.

Le texte adopté jeudi «demande à toutes les parties d'arrêter immédiatement les combats au Soudan du Sud» et assure que les auteurs de violations au Soudan du Sud seront tenus pour responsables de leurs actes. Il appelle à nouveau les belligérants à ne pas entraver le fonctionnement de sa force de paix et des ONG dans le pays.

La résolution est adoptée alors qu'un nouveau round de négociations de paix est prévu en Éthiopie le mois prochain.

La résolution prévoit aussi de maintenir le niveau de la force de Casques bleus de l'ONU à 17 000 hommes, incluant une force de protection régionale n'excédant pas 4000 hommes, et de garder une composante policière de 2101 hommes.

Près de la moitié de la population du Soudan du Sud, un pays ravagé par la guerre civile depuis décembre 2013, est en situation de faim extrême, un chiffre en hausse de 40% sur un an, selon un rapport de trois agences des Nations unies publié récemment.

Un total de 41 hauts responsables sud-soudanais ont été identifiés en février par une Commission de l'ONU pour les droits de l'homme en vue de poursuites pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre, dont des viols et meurtres à caractère ethnique perpétrés dans ce pays en guerre civile depuis décembre 2013.

Deux ans et demi après son indépendance, obtenue grâce au soutien des États-Unis, le Soudan du Sud a plongé dans une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts, quatre millions de déplacés et provoqué une crise humanitaire catastrophique.