L'État islamique en Afrique de l'Ouest (ISWAP), faction de Boko Haram dirigée par Abu Mossad Al Barnaoui, a mené l'attaque contre un poste de l'armée nigériane fin décembre, tuant neuf soldats, a revendiqué le groupe État Islamique.

L'EI, qui a reconnu cette faction de Boko Haram en 2016 comme sa représentante en Afrique de l'Ouest, a fait savoir jeudi que ISWAP avait mené l'attaque du camp de base de Kanamma, dans l'État de Yobe, pendant le week-end de Noël, dans une déclaration authentifiée par le centre américain de surveillance des sites jihadistes, SITE.

Les assaillants affirment avoir tué «9 soldats et capturé trois véhicules militaires surmontés de mitrailleuses, ainsi que des armes diverses et des munitions». Ils publient également une série de photos pour appuyer leur témoignage.

«Ils n'ont toutefois pas fait mention des 30 soldats toujours portés disparus», note le journaliste nigérian Ahmad Salkida, spécialiste du mouvement, sur son compte twitter.

Des combattants de Boko Haram ont mené un raid sanglant contre la caserne du village de Kanamma, à la frontière avec le Niger, provoquant un long échange de tirs, et même l'intervention des forces aériennes, selon des sources sécuritaires nigérianes contactées par l'AFP.

Ces mêmes sources ont recensé cinq morts, et non neuf comme l'affirment l'EI et ISWAP, mais se sont également inquiétées de la disparition de 30 soldats à la suite de cette attaque.

«Nous avons perdu cinq hommes dans cette attaque et 30 restent pour l'instant introuvables», avait déclaré mercredi à l'AFP un officier militaire sous couvert d'anonymat.

«On ne sait pas encore s'ils se sont enfuis pendant l'attaque où s'ils ont été capturés par les "terroristes"», a ajouté cette même source.

Multiplication des attaques

Cette attaque survient alors que le groupe jihadiste, divisé en deux factions adverses, a redoublé de violences ces deux derniers mois et mène des raids, des tueries et des attentats de manière quasi quotidienne depuis le week-end de Noël.

La faction d'Abou Mossab Al Barnaoui, 25 ans, fils du fondateur de la secte islamiste Mohamed Yusuf, est particulièrement active à la frontière avec le Tchad et le Niger, et s'est engagée dans un combat ciblé contre les forces armées nigérianes.

Les combattants de la faction du leader historique, Abubakar Shekau, retranchée dans la forêt de Sambisa à la frontière du Cameroun, mènent des attentats-suicides contre les civils qui ne les rejoignent pas, les accusant de collusion avec Abuja.

En aout 2016, l'EI, auquel Boko Haram a prêté allégeance en 2015, avait nommé Al Barnaoui, alors âgé de 23 ans, comme «Wali» (chef) en Afrique de l'Ouest et son accolyte Mamman Nur de manière unilatérale, critiquant Shekau pour ses tueries de musulmans, ou l'utilisation de femmes et d'enfants comme bombes humaines.

Mercredi, un adolescent s'est fait exploser dans une mosquée à Gamboru, à la frontière avec le Cameroun, faisant au moins 14 morts.

Dans une vidéo diffusée cette semaine, Abubakar Shekau a également revendiqué de nombreuses attaques commises pendant le mois de décembre, notamment la tentative d'incursion dans la grande ville de Maiduguri, capitale de l'État du Borno, qui s'est déroulée le même week-end de Noël.

Le président nigérian Muhammadu Buhari a pourtant affirmé dans son discours de la nouvelle année que le Nigeria «en a fini avec Boko Haram».

Il y a deux ans, il avait affirmé que le groupe était «techniquement défait».

L'insurrection, qui ravage le nord-est du Nigeria, et sa répression par l'armée ont fait plus de 20 000 morts et 2,6 millions de déplacés depuis 2009. La région fait face à une très grave crise alimentaire et humanitaire.