Les Zimbabwéens se sont mobilisés, lundi, pour chasser du pouvoir Robert Mugabe, un président isolé qui risque maintenant d'être destitué.

Bien qu'il y ait maintenant un consensus national sur le fait que l'homme de 93 ans doive partir après près de 40 ans à la tête du pays, M. Mugabe s'accroche à la présidence du Zimbabwe, qui n'a pas connu d'autre dirigeant depuis 1980, lorsque le pays est devenu indépendant de la minorité blanche.

L'armée, qui a été saluée pour avoir dépouillé M. Mugabe de ses pouvoirs, a fait l'objet de critiques après que ses généraux furent apparus aux côtés du président lors de son discours télévisé, dans lequel il a déclaré qu'il était toujours le «commandant en chef» du pays.

Même s'ils ont défié le président en envoyant des chars d'assaut dans les rues, ces généraux ont semblé se ranger derrière lui en l'accompagnant lorsqu'il a annoncé qu'il s'accrochait au pouvoir.

Les opposants au président font face à un dilemme important. Alors qu'il serait relativement facile de l'éjecter du pouvoir, la perception qu'il soit renversé illégalement ou qu'il subisse un coup d'État pourrait miner la crédibilité de son ou sa successeure.

La puissante association des anciens combattants, qui est proche de l'armée, a souligné que les généraux étaient placés dans une situation délicate puisque leur rôle formel les oblige à protéger le président des manifestants, qui ont défilé dans les rues la fin de semaine dernière.

Il est maintenant temps pour l'armée de se retirer et de laisser le Parlement, et si nécessaire les manifestants, renverser le président, a plaidé le leader des anciens combattants, Chris Mutsvangwa.

Plus tard dans la journée lundi, l'armée a dit qu'elle avait rencontré plusieurs fois M. Mugabe depuis qu'il a fait son discours. Le président Mugabe tente de trouver une «solution définitive et une feuille de route pour le pays», selon l'armée.

Lors d'une conférence de presse, l'armée a soutenu qu'elle était encouragée par des «contacts» entre M. Mugabe et son ancien vice-président, Emmerson Mnangagwa, qui était perçu comme son dauphin avant qu'il soit limogé. M. Mnangagwa serait de retour au pays «bientôt», a indiqué l'armée.

Le parti de M. Mugabe, le ZANU-PF, s'est dit certain de pouvoir destituer le président cette semaine si l'opposition se joint à lui.

Le ZANU-PF a annoncé dimanche le congédiement de M. Mugabe comme chef du parti. L'idée est de présenter une motion de destitution dès mardi avant que le vote des parlementaires n'ait lieu, mercredi.

L'accusation principale contre M. Mugabe est «d'avoir laissé sa femme usurper les pouvoirs du gouvernement», selon le parti, qui juge le président «trop vieux» puisqu'il ne «peut même pas marcher sans aide».

La première dame controversée, Grace Mugabe, s'est positionnée comme la successeure de son mari et dirigeait une faction du parti qui a organisé le congédiement d'Emmerson Mnangagwa.

À l'Université du Zimbabwe lundi, les étudiants ont manifesté et refusé de se présenter à leurs examens. Le président de l'association nationale des étudiants a demandé la fermeture de toutes les universités du pays tant que M. Mugabe n'aura pas démissionné.