Treize gendarmes ont été tués samedi dans une nouvelle attaque dans le sud-ouest du Niger, une région instable, frontalière du Mali, théâtre de nombreuses incursions de groupes jihadistes, selon un bilan officiel.

«La Brigade de gendarmerie d'Ayorou a fait l'objet d'une attaque terroriste perpétrée par des éléments armés non identifiés à bord de véhicules et de motos. Le bilan provisoire est le suivant : treize gendarmes décédés et cinq autres gendarmes blessés», a déclaré samedi soir à la télévision publique le porte-parole du ministère nigérien de la Défense, le colonel Amadou Samba Gagara.

«Une poursuite engagée par les forces terrestres et aériennes a permis de détruire un véhicule des assaillants et ses occupants en territoire malien. Les opérations de ratissage se poursuivent», a-t-il précisé.

Samedi matin, le ministre de la Défense nigérien Mohamed Bazoum avait annoncé l'attaque à l'AFP, donnant un premier bilan de 12 morts.

Ayorou est située à 200 kilomètres au nord-ouest de la capitale Niamey, dans la région de Tillabéri, tout près de la frontière du Mali.

Selon une source sécuritaire, les assaillants venus «à bord de cinq véhicules» ont attaqué «à l'aube». Ils ont pris la fuite à l'arrivée des renforts militaires, en emportant deux ou trois véhicules de la gendarmerie. Des villageois les ont vus repartir avec des corps.

L'attaque n'avait toujours pas été revendiquée samedi soir.

Située sur les berges du fleuve Niger, Ayorou abrite un important marché rural et a été la perle du tourisme nigérien grâce à sa forte concentration d'hippopotames.

La région de Tillabéri est devenue très instable en raison de nombreuses attaques meurtrières attribuées à des groupes jihadistes, visant régulièrement des positions de l'armée et des camps de réfugiés.

Le 4 octobre, quatre soldats américains et quatre militaires nigériens ont été tués dans une embuscade dans cette même région.

Le chef du village où avait eu lieu l'embuscade a été arrêté pour «complicité» avec les assaillants, a indiqué samedi une source sécuritaire nigérienne.

«Le chef de Tongo Tongo a été effectivement arrêté après l'attaque du 4 octobre pour «complicité+ avec les assaillants», a déclaré à l'AFP cette source. Le chef du village a «retardé de quelques minutes une réunion» entre des chefs locaux et une partie des soldats américains, «ce qui a permis l'arrivée des assaillants» et «favorisé l'embuscade».

Mi-mai, des assaillants non identifiés avaient attaqué la même gendarmerie d'Ayorou, sans faire de victimes. Les assaillants avaient emporté des armes et des munitions avant de battre en retraite vers le Mali.

En attendant la force du G5 Sahel

Vendredi, le Parlement a validé la prolongation pour trois mois de l'état d'urgence dans l'ouest du Niger en raison de la «persistance de la menace» des groupes armés. Cette mesure a été imposée en mars 2017 dans plusieurs départements des régions de Tillabéri et Tahoua, une autre région proche du Mali.

Cette semaine, l'ONU a dit avoir répertorié «au moins 46 attaques» de groupes armés au Niger dans la région de Tillabéri depuis février 2016.

En juin, le Niger a mis en place «l'Opération Dongo» (La foudre), composée d'un bataillon de 245 hommes bien équipés, pour combattre les jihadistes venus du Mali voisin. Mais le gouvernement nigérien n'a pas donné de bilan de l'opération depuis.

Début octobre, le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop avait souligné devant le Conseil de sécurité de l'ONU à New York l'urgente nécessité de mettre à pied d'oeuvre la nouvelle force internationale de lutte contre les jihadistes du Sahel dans laquelle doivent s'associer les forces de sécurité du Tchad, du Niger, du Mali, du Burkina Faso et de la Mauritanie.

La force du G5 Sahel doit comprendre 5000 hommes et aura la possibilité de s'affranchir des frontières lors d'opérations antijihadistes.

Mais son financement est loin d'être bouclé: seule une centaine de millions d'euros ont été promis, sur plus de 400 millions jugés nécessaires par les pays membres.

Le Mali, où de nombreux groupes jihadistes opèrent malgré la traque des forces internationales, est devenu une source d'instabilité pour toute la région. Tous les pays voisins, notamment le Niger et le Burkina Faso, sont régulièrement frappés par des attaques jihadistes.

Le Niger doit par ailleurs faire face aux attaques du groupe islamiste nigérian Boko Haram dans le sud-est, frontalier du Nigeria. Le retrait des troupes tchadiennes de cette région a contraint Niamey à envoyer ses propres soldats pour les remplacer.