Au moins 33 personnes ont été tuées dans des affrontements entre des éleveurs de bovins et des agriculteurs de l'État de Kaduna, dans le nord du Nigeria, a déclaré jeudi à l'AFP un responsable de la police.

Les troubles qui ont duré deux jours avaient débuté dimanche dans le village de Kajuru, à 50 kilomètres de la ville de Kaduna.

«Au total, 33 personnes ont été tuées dans les violences entre éleveurs peuls et agriculteurs», a affirmé le chef de la police de l'État, Agyole Abeh. «Les violences ont commencé lorsque des villageois ont attaqué un jeune Peul et son père, causant la mort du jeune homme après qu'il ait été admis à l'hôpital», a-t-il déclaré.

Les proches de la victime ont ensuite lancé des représailles sur le village depuis leurs campements voisins, tuant six hommes, a-t-il ajouté.

En réponse, les jeunes des communautés agricoles «se sont mobilisés et sont partis en brousse attaquer et brûler les campements peuls qu'ils ont trouvés».

«Nos hommes ont été contactés, mais avant qu'ils n'aient pu se déployer, les assaillants avaient tué 26 personnes, principalement des femmes et des enfants, et blessé plusieurs autres».

Les forces de sécurité ont depuis été déployées dans la zone pour maintenir l'ordre.

Le président par intérim du Nigeria, Yemi Osinbajo, a demandé des renforts dans l'État de Kaduna et déploré ces «morts inutiles» dans un communiqué publié mercredi soir.

Il a aussi promis de veiller à ce que les «auteurs de ces actes ignobles» soient identifiés et poursuivis en justice.

Le sud de l'État de Kaduna est régulièrement le théâtre d'affrontements sanglants entre agriculteurs chrétiens et éleveurs peuls musulmans, des nomades qui traditionnellement transhument avec leur bétail, mais ont tendance à se sédentariser.

Au départ, le conflit porte surtout sur l'accès à la terre et à l'eau. Mais les tensions ethniques et religieuses ont augmenté depuis les violences postélectorales de 2011, durant lesquelles des centaines de musulmans ont été tués et forcés de fuir la région.

Spécialistes et éditorialistes nigérians critiquent la réponse militarisée du gouvernement et accusent des responsables politiques et religieux d'avoir attisé les haines avec des propos incendiaires.