Cinq suspects ont été arrêtés dans l'enquête concernant l'attaque djihadiste visant des étrangers près de Bamako dimanche, au cours de laquelle quatre assaillants ont été tués, a annoncé lundi le ministre malien de la Sécurité, le général Salif Traoré.

Les réactions de solidarité internationale se succédaient au lendemain de ce premier attentat anti-occidental depuis plus d'an dans la capitale malienne, qui a fait cinq morts, outre les assaillants, mais dont une quarantaine de civils ont réchappé.

Le bilan de l'attaque est passé de deux à cinq personnes tuées par les assaillants, a annoncé lundi le ministre malien de la Sécurité, le général Salif Traoré.

« Un militaire malien a été tué, et quatre civils », a déclaré le ministre lors d'une conférence de presse, citant pour ces derniers les nationalités gabonaise, chinoise, portugaise et malienne.

Un Français et un Suédois portés disparus « ont été retrouvés », a-t-il ajouté.

De précédents bilans faisaient état de deux tués, dont une cliente franco-gabonaise. Mais le ministère français des Affaires étrangères n'a pas confirmé, faisant état de « vérifications pour déterminer la présence éventuelle de ressortissants français parmi les victimes » et ajoutant qu'un Français était « porté disparu ».

La Haute représentante de l'Union européenne (UE), Federica Mogherini, a indiqué qu'un ressortissant portugais travaillant pour la mission européenne de formation de l'armée malienne (EUTMMali) et une Malienne employée par la délégation européenne à Bamako faisaient partie des personnes tuées.

Campement fermé

Une vingtaine de membres des forces spéciales maliennes se trouvaient lundi dans le campement Kangaba, un vaste « ecolodge », site de détente en périphérie de Bamako prisé des expatriés et fondé par un Français, dont l'accès était interdit à la presse, a constaté un journaliste de l'AFP.

Cette cible en évoque d'autres visées par les groupes djihadistes du Sahel ces dernières années, notamment la station balnéaire ivoirienne de Grand-Bassam (mars 2016, 19 morts, dont huit étrangers).

Le Mali est sous état d'urgence quasiment sans interruption depuis l'attentat contre l'hôtel Radisson Blu de Bamako le 20 novembre 2015, qui avait fait 20 morts, outre ses deux auteurs. Cet attentat avait été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), en coordination avec le groupe djihadiste de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, Al-Mourabitoune, rallié à AQMI.

Le bilan moins lourd dimanche que lors d'attaques similaires s'explique notamment par l'étendue du site, offrant des possibilités de cachette aux victimes, a indiqué à l'AFP un employé du campement, Lancina Traoré.

« Quand j'ai vu les terroristes, tout de suite j'ai indiqué un trou où se sont cachés les clients. Après ils sont sortis » de leur abri, a-t-il dit, précisant que les assaillants étaient de « peau claire ».

« Quatre assaillants ont été tués et cinq autres faits prisonniers. C'est le nouveau bilan », a déclaré à l'AFP le ministre de la Sécurité, sans autre précision.

Appui à la force du G5 Sahel

Selon le ministère, une quarantaine de personnes ont pu être sauvées par l'intervention des forces de sécurité, dont 14 Maliens, 13 Français, deux Espagnols, deux Néerlandais et deux Égyptiens.

La présence parmi les clients de militaires de la mission européenne de formation de l'armée malienne (EUTMMali) et de la force de l'ONU, la MINUSMA, qui ont pu offrir une première riposte, a pu également jouer, selon des témoins.

Le président français Emmanuel Macron est attendu à Bamako le 2 juillet pour le prochain sommet du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad), qui doit porter sur le déploiement d'une force conjointe de ces pays, une initiative qui se heurte à des réticences au Conseil de sécurité de l'ONU, en particulier des États-Unis.

« On est ensemble dans cette lutte contre le terrorisme », a déclaré lundi la chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE), Federica Mogherini, soulignant la contribution de l'EUTMMali et l'appui financier de 50 millions d'euros promis le 5 juin à la force conjointe du G5 Sahel lors de sa visite à Bamako.

Les forces spéciales maliennes ont été soutenues dans leur intervention par les militaires de l'opération française antidjihadiste Barkhane et de la MINUSMA.

Par ailleurs, dans le nord du pays, une attaque contre un poste de l'armée à Bamba lundi a fait un tué et deux blessés parmi les soldats, ainsi qu'un mort chez les assaillants, a-t-on appris de source militaire.

La dernière attaque djihadiste visant des Occidentaux à Bamako remonte à mars 2016, contre un hôtel abritant l'EUTMMali. Un assaillant avait été tué.

Le 9 juin, l'ambassade des États-Unis avait publié une consigne de sécurité à l'intention des citoyens américains les informant d'une « menace d'attaques accrue » à Bamako dans les lieux fréquentés par les Occidentaux.

Dans une tribune publiée en janvier lors du sommet Afrique-France à Bamako, le propriétaire du campement Kangaba, Hervé Depardieu, s'était insurgé contre les alertes de sécurité des chancelleries occidentales, dont il dénonçait les incohérences.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda. Les djihadistes ont été en grande partie chassés de cette région par une intervention militaire internationale lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, qui se poursuit actuellement.

Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes et étrangères, régulièrement visées par des attaques meurtrières malgré la signature en mai-juin 2015 d'un accord de paix, censé isoler définitivement les djihadistes, dont l'application accumule les retards.