Un homme et une femme ont été lapidés dans la région de Kidal, dans le nord du Mali, par des «islamistes» qui, selon des élus locaux mercredi, leur reprochaient de vivre en concubinage, cinq ans après des faits similaires dans la même zone alors sous contrôle de djihadistes.

La mise à mort du couple s'est déroulée mardi dans la vallée de Taghlit, entre les localités d'Aguelhoc et Tessalit, a précisé un des élus de la région de Kidal interrogés mercredi par l'AFP par téléphone depuis Bamako.

C'est la première fois depuis 2012 que des faits similaires sont signalés au Mali, dont le vaste Nord a été contrôlé pendant près de dix mois (mars-avril 2012 jusqu'à mi-janvier 2013) par des groupes djihadistes liés à Al-Qaïda.

Cette annonce intervient deux jours avant la visite au Mali du nouveau président français Emmanuel Macron, qui fera un aller-retour vendredi et se rendra à Gao (nord-est) auprès de la force française Barkhane déployée contre le terrorisme au Sahel (4000 soldats sur cinq pays).

Accusé d'avoir «violé la loi musulmane», le couple «a été arrêté» et tué à coups de pierres par les islamistes, qui ont filmé la scène, a expliqué un des élus locaux. Selon lui, la lapidation avait été annoncée aux habitants, «entre 11 et 21 personnes (y) ont assisté».

«Les islamistes ont creusé mardi deux trous dans lesquels ils ont mis l'homme et la femme qui vivaient maritalement sans être mariés», a affirmé un deuxième élu local. De même source, leurs bourreaux ont été «quatre personnes».

Aucune indication n'a pu être obtenue sur l'identité des victimes, ni des «islamistes» en question.

Une source de sécurité malienne a simplement indiqué avoir «appris l'exécution par lapidation d'un homme et d'une femme mardi dans la région de Kidal par les terroristes qui les accusaient d'avoir eu des relations sexuelles hors mariage».

«Force d'intervention rapide» 

L'Association malienne de défense des droits de l'Homme a condamné de «lâches assassinats», et demandé que leurs auteurs soient «arrêtés et jugés».

Gaëtan Mootoo, chercheur sur l'Afrique de l'Ouest à Amnesty International, a appelé à «garantir la sécurité des populations, des civils» dans le nord du Mali. Dans certaines zones écumées par des djihadistes, narcotrafiquants et criminels divers, «les civils sont pris en étau», a-t-il dit à l'AFP.

Le 29 juillet 2012, alors que le nord du Mali était sous le joug des djihadistes, des membres du groupe Ansar Dine avaient lapidé en public à Aguelhoc un homme et une femme auxquels ils reprochaient d'avoir eu des enfants sans être mariés.

D'autres exactions, dont des amputations et flagellations en public, ont aussi été perpétrées ailleurs dans le Nord durant cette période par les djihadistes prétendant appliquer la charia (loi islamique).

Le nord du Mali était tombé en 2012 sous la coupe d'organisations djihadistes à la faveur d'une rébellion touareg, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée.

Les djihadistes ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France et qui se poursuit actuellement.

Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la signature en 2015 d'un accord de paix censé isoler définitivement les djihadistes. Depuis 2015, ces assauts se sont étendus au centre et au sud du pays.

En visite au Mali, le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, le Français Jean-Pierre Lacroix, a annoncé mercredi soir le déploiement prochain d'une «force d'intervention rapide» composée de Casques bleus sénégalais dans le centre du Mali.

Plus tôt, le Parti pour la renaissance nationale (PARENA) s'était dit «alarmé par la détérioration de la situation sécuritaire deux ans après la signature de l'accord» de paix au Mali.

Selon le décompte du PARENA, «entre le 1er janvier et le 14 mai 2017, au moins 309 personnes, dont des étrangers, ont perdu la vie au cours de 70 incidents armés» au Mali, pour moitié dans le centre du pays.