Le bilan de l'attaque menée dimanche par un kamikaze qui a fait exploser une voiture piégée à un carrefour fréquenté de la capitale somalienne Mogadiscio est passé à 39 morts, a-t-on appris lundi auprès des services d'urgence.

«Trente-neuf personnes ont été tuées et 27 autres ont été blessées», a indiqué Abdurahman Adem, chef des services ambulanciers de Mogadiscio. Le bilan précédent était de 20 morts.

Selon des témoins, l'attentat a visé un carrefour très animé du quartier de Madina, dans le sud de la capitale, où se trouvaient de nombreux commerçants, des civils faisant leurs courses et des militaires de faction.

Il n'a pas été revendiqué, mais les islamistes radicaux shebab, affiliés à Al-Qaïda, ont l'habitude de mener de telles opérations dans Mogadiscio.

Cette attaque est intervenue le jour même où les shebab menaçaient de lancer une «guerre sans merci» contre le nouveau président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed, alias Farmajo, et son gouvernement, selon le SITE Intelligence Group, spécialisé dans la surveillance des sites internet islamistes.

Un haut responsable shebab, Sheikh Hassan Yaqub Ali, a affirmé dans un discours sur les ondes d'une radio liée au groupe que Farmajo était considéré comme plus dangereux que ses prédécesseurs en raison de sa double nationalité somalo-américaine.

Cet attentat est le premier de cette ampleur à Mogadiscio depuis l'élection de Farmajo, le 8 février. Le nouveau président a offert une récompense de 100 000 dollars pour toute information sur les auteurs de l'attaque.

Ce nouvel attentat illustre les défis auxquels sera confronté le président Farmajo à la tête d'un État dont l'autorité peine à s'exercer au-delà de Mogadiscio, et soutenu à bout de bras par la communauté internationale et la force de l'Union africaine (Amisom), forte de 22 000 hommes.

Confrontés à la puissance de feu de l'Amisom déployée en 2007, les shebab ont été chassés de Mogadiscio en août 2011. Ils ont ensuite perdu l'essentiel de leurs bastions, mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d'où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides, souvent jusque dans la capitale.

La Somalie est plongée depuis près de trois décennies dans le chaos et la violence entretenus par des milices claniques, des gangs criminels et des groupes islamistes.