Au moins cinq personnes ont été tuées et près de 30 blessées mardi dans un attentat-suicide contre un hôtel très fréquenté de la capitale somalienne Mogadiscio, non loin du palais présidentiel, et revendiqué par les islamistes shebab affiliés à Al-Qaïda.

«Grâce à Dieu, le nombre de victimes est limité par rapport à la force de l'explosion, qui a été énorme», a déclaré à l'AFP Mohamed Abdulkadir, un policier somalien, faisant état de cinq morts, dont plusieurs membres des forces de sécurité.

Le véhicule piégé a d'abord forcé un premier point de contrôle à quelques centaines de mètres de l'hôtel, a expliqué M. Abdulkadir. «Les forces de sécurité ont ensuite ouvert le feu sur le véhicule avant que celui n'explose».

«Un énorme nuage de fumée et des flammes se sont ensuite élevés dans le ciel, il y a eu une énorme explosion», a de son côté décrit Elmi Ahmed, un habitant de Mogadiscio témoin de la scène.

Un journaliste de l'AFP présent sur place a rapporté qu'une partie de l'hôtel s'était effondrée. D'autres bâtiments situés à proximité ont été endommagés par l'explosion.

Le directeur de l'hôpital Madina, Mohamed Yusuf, a assuré que 28 blessés avaient été admis dans son établissement et indiqué que deux d'entre eux avaient succombé à leurs blessures, sans être en mesure de préciser si ces deux victimes sont incluses dans le bilan fourni par la police.

L'attaque de l'hôtel a aussitôt été revendiquée par les shebab, qui ont publié un communiqué sur Telegram, une messagerie cryptée prisée par les jihadistes. «Un courageux kamikaze qui conduisait un véhicule rempli d'explosifs a visé un hôtel», ont-ils indiqué.

L'hôtel est situé à proximité de l'enceinte ultra-sécurisée de la Villa Somalia, complexe fortifié abritant la présidence somalienne et les bureaux du premier ministre.

SYL, déjà ciblé deux fois

C'est la troisième fois en 18 mois que l'hôtel SYL est la cible des shebab. En janvier 2015, une première attaque avait fait cinq victimes somaliennes alors que l'hôtel abritait les membres de la délégation turque préparant une visite à Mogadiscio du président Recep Tayyip Erdogan.

L'établissement avait une nouvelle fois été visé le 26 février par un attentat qui avait fait 14 victimes. Un camion et un autre véhicule piégés avaient alors explosé à quelques minutes d'intervalle à proximité de l'hôtel SYL et d'un jardin public attenant très prisé des habitants de la ville, le Peace Garden.

Le gouvernement avait décrit l'attaque de février comme «la plus grande» récemment enregistrée à Mogadiscio et évalué à 200 kg la quantité d'explosifs utilisés.

Aucun shebab n'avait toutefois pénétré dans l'hôtel à la suite de l'attaque, contrairement au mode opératoire généralement employé ces derniers mois lors d'attaques contre certains des hôtels et restaurants les plus en vue de la capitale: un véhicule piégé est lancé à vive allure contre l'enceinte souvent fortifiée de l'établissement par un chauffeur kamikaze, puis un commando armé pénètre à l'intérieur pour abattre la clientèle et le personnel.

Jeudi soir, un commando d'insurgés islamistes shebab avait investi un restaurant situé sur une plage de Mogadiscio, tuant sept personnes.

Élections

Les shebab ont juré la perte du gouvernement somalien. Mais confrontés à la puissance de feu supérieure de la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom), déployée en 2007 en Somalie, ils ont été chassés de Mogadiscio en août 2011.

Ils ont ensuite perdu l'essentiel de leurs bastions mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d'où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides, souvent jusque dans la capitale..

Courant janvier, ils avaient entièrement détruit une base du contingent kényan de l'Amisom à El-Adde, dans le sud de la Somalie, troisième attaque en quelques mois contre des bases de l'Amisom, au cours desquelles les shebab auraient fait main basse sur de l'armement et d'importantes quantités de munitions.

La Somalie doit organiser dans les semaines à venir des élections au suffrage indirect qui aboutiront à l'élection du président le 30 octobre.

Les shebab, qui multiplient les attentats à Mogadiscio, font peser une menace sécuritaire certaine sur ce processus électoral.