Le chef des islamistes radicaux somaliens shebab, Ahmed Diriye, a dénoncé mardi le « pillage » économique de la Somalie par la Turquie, dans son premier message audio depuis son accession à la tête du mouvement en septembre 2014.

Dans ce discours de 44 minutes diffusé sur des réseaux sociaux et la station des shebab Radio Andalus, Ahmed Diriye, également connu sous le nom d'Ahmed Umar Abu Ubaidah, s'en prend notamment à la Turquie.

Intitulé « La charia ou le martyre », ce message audio est le premier enregistrement du leader des shebab, affiliés à Al-Qaïda, depuis qu'il a remplacé l'ancien chef suprême Ahmed Godane tué dans une attaque de drones américains en septembre 2014.

« Le gouvernement turc est l'ennemi de la nation. Aujourd'hui, l'économie de la Somalie est en ruine à cause de son intervention », a déclaré Ahmed Diriye.

La Turquie a considérablement accru sa présence en Somalie ces dernières années. Ankara joue un rôle très actif dans les domaines humanitaire et de la reconstruction. Des entreprises turques gèrent également le port et l'aéroport de la capitale.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan était en visite début juin à Mogadiscio, où il a conclu des accords sur des projets de développement et inauguré les nouveaux bâtiments de l'ambassade de son pays, « l'une des plus grandes ambassades turques dans le monde ».

« La Turquie a envahi ce pays économiquement et ne soyez pas dupes du soi-disant développement mis en avant par les Turcs, gardez en tête que les Turcs pillent les ressources de la Somalie plus qu'ils ne l'aident », a poursuivi le chef des shebab.

Ahmed Diriye a par ailleurs une nouvelle fois dénoncé « l'occupation des envahisseurs croisés », en référence aux contingents burundais, ougandais et kényans de la force de l'Union africaine en Somalie (AMISOM). Il a également appelé le peuple somalien au soulèvement.

L'AMISOM est déployée depuis 2007 en Somalie, où ses 22 000 soldats soutiennent le fragile gouvernement somalien contre les shebab qui ont juré sa perte.

La puissance de feu supérieure de l'AMISOM a permis de chasser les shebab de Mogadiscio en août 2011. Ceux-ci ont ensuite perdu l'essentiel de leurs bastions, mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d'où ils mènent leurs opérations de guérilla et des attentats-suicides, souvent jusque dans la capitale.