Seize personnes ont été tuées et une vingtaine blessées dans le nord de la Centrafrique dans des affrontements qui ont opposé dimanche et lundi des éleveurs peuls à des hommes armés issus de l'ex-rébellion Séléka, a-t-on appris mardi auprès de la gendarmerie locale.

«D'après un premier bilan, 16 personnes, pour la plupart des Peuls armés, ont été tuées et plus d'une vingtaine d'autres blessées», a déclaré à l'AFP sous couvert d'anonymat un officier de gendarmerie stationné à Kaga Bandoro.

«Ces affrontements ont commencé notamment dans la région de Batangafo et se sont étendus aux localités de Wandago et Gondava», a précisé l'officier.

Ces violences sont liées à la transhumance annuelle des troupeaux des éleveurs peuls qui viennent parfois du Cameroun et du Tchad voisins faire paître leur bétail dans le nord de la Centrafrique.

Ils sont souvent armés pour se protéger des attaques des voleurs de bétail et n'hésitent pas à mener des représailles meurtrières contre les localités dont sont originaires des groupes de voleurs.

La semaine dernière, au moins 10 personnes ont ainsi été tuées dans le nord-ouest lors d'une attaque menée par des Peuls armés, alliés à des membres de l'ex-Séléka. Les Casques bleus de la Minusca ont pris position dans la zone pour s'interposer.

Selon Maurice Yanandji, habitant de Kaga Bandoro, les affrontements de dimanche et lundi «ont fait fuir de nombreux habitants en brousse et vers le centre de Kaga Bandoro».

«Pour le moment, des éléments de la Minusca à Batangafo se sont interposés et les affrontements ont quasiment cessé dans le centre de Batangafo», a indiqué de son côté Polycarpe Nzalaye, habitant de Batangafo.

Signe de la tension persistante en Centrafrique malgré la fin des violences intercommunautaires de masse, des violences ont également eu lieu lundi à Bangui autour de l'enclave musulmane du PK-5, provoquant un mouvement de panique dans la population. Le calme était revenu mardi matin dans la capitale.

Selon une source policière, «le bilan fait état toujours de trois morts parmi les membres d'autodéfense (du quartier) qui tentaient de s'attaquer au commissariat de police du 3e arrondissement et qui en ont été empêchés par les forces internationales et nationales. On dénombre aussi plusieurs blessés dont certains sont dans un état grave».

La Centrafrique a sombré dans le chaos après le renversement du président François Bozizé en mars 2013 par la rébellion à dominante musulmane Séléka, coalition hétéroclite de plusieurs groupes armés alliés de circonstance.

Pour mettre un terme aux tueries intercommunautaires, la France est intervenue militairement fin 2013 dans son ex-colonie avec l'opération Sangaris depuis rejointe par une mission de l'ONU.