Environ 32 millions de personnes sont en état d'insécurité alimentaire en Afrique australe en raison de la grave sécheresse qui frappe la région depuis près de deux ans, a indiqué jeudi le Programme alimentaire mondial (PAM), une agence de l'ONU.

«Un total de 32 millions de personnes est en insécurité alimentaire en Afrique australe, principalement en raison de la sécheresse qui a conduit à de faibles récoltes l'année dernière», selon un dernier rapport du PAM.

«Je suis assez inquiet, car il y a eu (cette année) beaucoup de perturbations à cause d'El Nino, qui se sont ajoutées à la récolte déjà maigre de la saison passée», a ajouté Andrew Odero, spécialiste de la sécurité alimentaire au PAM pour l'Afrique australe.

«Il y a également des problèmes d'approvisionnement en eau: les niveaux des réservoirs sont plus bas que l'an dernier à la même période. Et comme beaucoup de pays dépendent de l'eau pour leur production d'électricité, il faut s'attendre à des coupures de courant et à des pénuries d'eau», a-t-il souligné lors d'une conférence de presse à Johannesburg.

La sécheresse, la plus grave depuis plus de 30 ans dans la région, est aggravée par le phénomène El Nino, courant chaud équatorial du Pacifique qui réapparaît tous les cinq à sept ans et qui connaît cette année une forte intensité.

Plusieurs pays d'Afrique australe ont déjà déclaré l'état de catastrophe naturelle sur une partie de leur territoire, à l'image de l'Afrique du Sud, du Malawi et du Zimbabwe, qui entrent dans la saison sèche.

«Le Zimbabwe fait partie des pays les plus touchés. Le pays sort d'une saison agricole très pauvre avec seulement 40% de sa production normale de maïs (en 2015). C'est déjà une économie rurale fragile et El Nino vient y ajouter la pire sécheresse depuis 35 ans dans le pays», s'inquiète le directeur du PAM pour le Zimbabwe, Eddie Rowe.

Le PAM estime qu'il a encore besoin de 677 millions de dollars d'aide pour répondre aux besoins de la population en Afrique australe pour la période avril 2016-mars 2017.

La situation pourrait cependant changer d'ici la fin de l'année. Selon le PAM, il y a de fortes chances que la région soit touchée, dans la seconde moitié de 2016, par le phénomène «La Nina», qui se caractérise par de fortes précipitations, pouvant conduire à des inondations.