Quatre gendarmes sont morts mercredi lorsqu'un djihadiste a actionné sa ceinture d'explosifs près de Tataouine dans le sud de la Tunisie, dans le sillage d'une opération sécuritaire près de Tunis durant laquelle deux «terroristes» ont été tués.

Les forces de l'ordre lancent régulièrement des opérations contre les djihadistes responsables de plusieurs attentats meurtriers et d'attaques contre les soldats et les policiers dans le pays.

Des unités de la Garde nationale (gendarmerie) opéraient à El Maouna, dans le gouvernorat de Tataouine, sur la base d'informations en lien avec l'opération menée le matin même à Mnihla, dans le Grand Tunis, a annoncé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.

Ces informations faisaient état «d'un groupe terroriste retranché dans des maisons abandonnées. Des unités de la Garde nationale se sont rendues sur place et des échanges de tirs se sont produits avec deux éléments terroristes», a-t-il indiqué.

«Un élément terroriste a été abattu tandis que l'autre a actionné sa ceinture d'explosifs, tuant deux officiers et deux agents de la Garde nationale», selon lui.

Quelques heures plus tôt, deux autres djihadistes présumés avaient été tués et 16 arrêtés dans la région de Mnihla, au nord-ouest de la capitale tunisienne.

«Des kalachnikovs, des grenades, des pistolets et des munitions» ont été saisis par les forces de l'ordre, selon les autorités.

«Préparer des attentats»

D'après le ministère, les suspects, «venus de diverses régions» de Tunisie, «s'étaient rassemblés dans la capitale pour préparer des opérations terroristes simultanées».

Une habitante de Sanhaji, le quartier de Mnihla où la descente a eu lieu, a affirmé à l'AFP que les échanges de tirs entre forces de l'ordre et djihadistes présumés avaient duré près de deux heures.

«On a vu les forces de l'ordre arriver vers 08h00 et il y a eu des échanges de tirs», a témoigné cette Tunisienne qui a préféré rester anonyme. «Les djihadistes n'étaient pas du quartier. Nous ne les connaissions pas, ils ont loué la maison récemment».

La Tunisie fait face depuis sa révolution en 2011 à un essor de la mouvance djihadiste armée et a été le théâtre en 2015 de trois attentats majeurs revendiqués par le groupe extrémiste État islamique (EI), qui ont en tout fait 72 morts.

Le 7 mars, des dizaines de djihadistes armés ont attaqué des installations sécuritaires à Ben Guerdane, ville frontalière de la Libye et située à une cinquantaine de km à l'est de Tataouine. Treize membres des forces de l'ordre et sept civils sont morts, tandis que 55 extrémistes ont été tués.

Ces attaques inédites n'ont pas été revendiquées, mais le gouvernement a affirmé qu'elles visaient à créer un «émirat» de l'EI dans le pays.

Surveillance quotidienne

Les autorités tunisiennes annoncent régulièrement le démantèlement de cellules «terroristes».

L'auteur de l'attentat suicide contre un bus de la garde présidentielle le 24 novembre 2015 à Tunis (12 agents tués) a été identifié par les autorités comme un vendeur ambulant de Mnihla.

La Tunisie compte des milliers de ressortissants dans les rangs d'organisations extrémistes en Irak, en Syrie et en Libye voisine, ce qui en fait un des principaux pays touchés par le phénomène.

Lundi, le ministère de l'Intérieur a affirmé que près de 2000 personnes avaient été empêchées durant le premier trimestre 2016 de rejoindre, depuis la Tunisie, des organisations djihadistes dans les zones de conflit.

Ces personnes, dont la majorité sont des jeunes âgés entre 20 et 23 ans, sont sous surveillance quotidienne, a précisé à l'AFP le porte-parole du ministère, Yasser Mesbah.