Les autorités guinéennes ont annoncé jeudi le décès de deux personnes à cause du virus Ebola, quelques heures après une nouvelle proclamation de l'arrêt présumé de « toutes les chaînes de transmission initiales » de l'épidémie en Afrique de l'Ouest.

Jeudi matin, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait déclaré la fin du dernier épisode de la maladie en Sierra Leone voisine, ultime pays de la région encore affecté par la plus grave épidémie d'Ebola depuis l'identification du virus en Afrique centrale en 1976.

Cette annonce avait été accueillie avec soulagement, mais prudence, la précédente - le 14 janvier, après la fin du dernier épisode au Liberia voisin - ayant aussitôt été suivie de la découverte d'un nouveau cas en Sierra Leone, déclarée une première fois exempte de transmission le 7 novembre.

Partie en décembre 2013 de Guinée forestière, l'épidémie s'est propagée au Liberia et à la Sierra Leone limitrophes - ces trois pays concentrant plus de 99 % des cas - puis au Nigeria et au Mali.

En deux ans, elle aura gagné 10 pays, dont l'Espagne et les États-Unis, provoquant officiellement plus de 11 300 morts pour quelque 28 000 cas recensés. Ce bilan, sous-évalué de l'aveu même de l'OMS, est sept fois supérieur en nombre de morts au bilan cumulé de toutes les épidémies d'Ebola depuis 40 ans.

Les deux nouveaux cas ont été détectés dans le sud-est de la Guinée, dans la sous-préfecture de Koropara, a annoncé le gouvernement dans un communiqué jeudi soir, précisant que les échantillons prélevés sur les corps de deux personnes de la même famille s'étaient révélés positifs au virus.

« Pour l'heure, il existe deux cas confirmés et trois cas probables », selon le texte. « Les autorités sanitaires ont pris les mesures appropriées » pour empêcher « la propagation de la maladie ».

Un couple décédé

Une source proche de la Coordination locale de lutte contre Ebola a indiqué, sous couvert d'anonymat, qu'il s'agissait d'un couple. « C'est un homme et son épouse qui sont décédés des suites de vomissements et de diarrhée dans cette localité qui ont attiré l'attention de la population, qui à son tour a informé les services sanitaires de N'Zérékoré », la grande ville de la région, selon cette source.

L'OMS a confirmé ces deux cas sur son compte Twitter, soulignant qu'en coordination avec le ministère de la Santé, « des épidémiologistes et une équipe de vaccination étaient en cours de déploiement » sur place.

L'identification des personnes ayant pu être en contact avec les malades « commence immédiatement afin d'éviter toute propagation supplémentaire en Guinée », a souligné l'OMS.

Lors de l'annonce de la fin de l'épisode en Sierra Leone, comme à chaque fois, l'organisation a mis en garde contre de nouvelles résurgences localisées, comme celle dont vient de sortir le pays ou celle connues par le Liberia, « en grande partie en raison de la persistance du virus chez les survivants ».

Le virus peut subsister dans certains liquides corporels de survivants, notamment le sperme où il peut rester jusqu'à un an.

La mobilisation face à cette résurgence du virus « a été rapide et efficace et a confirmé les capacités locales mises en place lors de la précédente confrontation avec cette maladie », s'est félicité le ministre sierra-léonais de la Santé Abubakarr Fofanah.

« L'OMS a recommandé au gouvernement de continuer à tester tous les morts dans le pays jusqu'en juin », a indiqué pour sa part le Dr Anders Nostrom, son représentant en Sierra Leone.

Le dernier épisode dans le pays a débuté par des tests positifs au virus sur le corps d'une étudiante de 22 ans, Marie Jalloh, décédée le 12 janvier à Magburaka.

Sa tante, qui avait été contaminée après l'avoir soignée puis participé au lavage rituel du corps - une pratique prohibée pour les morts d'Ebola, hautement contagieux -, est considérée comme le dernier cas connu. Elle a été déclarée guérie le 5 février.

Particulièrement touchée, la Sierra Leone, aux services de santé sinistrés, a pris des mesures d'exception draconiennes et controversées dans sa lutte contre le virus. Elle a ainsi confiné tous ses habitants pendant trois jours, en septembre 2014 puis en mars 2015.