Les Béninois ont voté dans le calme dimanche pour choisir le successeur du président Thomas Boni Yayi, qui se retire après deux mandats, conformément à la Constitution de ce petit pays d'Afrique qui fait figure de bon élève démocratique.

Les bureaux de vote, qui avaient ouvert aux alentours de 7h00 (1h00 HE) ont fermé vers 16h00 (10h00 HE) et les opérations de dépouillement ont pu débuter dans l'ensemble du pays.

Les premiers résultats sont attendus dans les trois jours après le scrutin.

«Aucun incident majeur n'a été signalé» dans la journée, a précisé le général Mathieu Boni, un des responsables d'une plateforme de la société civile qui avait déployé plus de 3000 observateurs.

Dans une petite école maternelle du quartier de  Cadjéhoun à Cotonou, de très nombreux électeurs étaient revenus assister au comptage des voix en fin de journée. Accrochés aux fenêtres, ils demandaient à pouvoir vérifier chaque bulletin déclaré nul.

Le Bénin, petit pays de 10,6 millions d'habitants, est le premier État d'Afrique francophone à avoir entamé une transition démocratique au début des années 1990.

Mais le chômage, notamment des jeunes, la corruption, la santé et l'éducation seront les principaux défis du prochain président.

Les 15-34 ans représentent 60% de la population active. Le taux de chômage de cette tranche d'âge est de moins de 4% selon les données officielles, mais ce chiffre est déconnecté de la réalité dans ce pays où le secteur informel représente 85% de l'économie.

Peu diversifiée, l'économie du pays s'appuie essentiellement sur l'agriculture et le commerce de transit et de réexportation vers son voisin et principal partenaire, le Nigeria.

La corruption est également endémique dans plusieurs filières clés, comme l'exploitation du port de Cotonou et le secteur du coton.

Parmi les cinq favoris, le premier ministre Lionel Zinsou et deux des plus influents hommes d'affaires du pays, Sébastien Ajavon, «le roi du poulet», et Patrice Talon, «le roi du coton», ont voté à Cotonou, la capitale économique.

Le nord stratégique

Vêtu d'un ample boubou blanc et d'un petit chapeau rond, M. Zinsou a voté peu avant midi au collège Océan, dans le quartier Cocotiers de Cotonou, entouré d'une nuée de journalistes de la presse locale et étrangère.

Fidèle à sa réputation de «flambeur», M. Talon, chemise blanche et lunettes de soleil, s'est rendu dans son bureau de vote du quartier de Zongo au volant de sa Porsche.

Deux autres poids lourds du scrutin, l'économiste Abdoulaye Bio Tchané et l'ancien Premier ministre Pascal Irénée Koupaki ont voté dans leurs fiefs respectifs, à Djougou (nord) et Pomassé (sud).

Initialement prévu le 28 février, le scrutin avait été reporté à dimanche à cause de retards dans la distribution des nouvelles cartes des 4,7 millions d'électeurs.

Ces retards, qui n'étaient pas réglés à la veille du scrutin, ont laissé craindre jusqu'à la dernière minute qu'une partie de la population soit exclue du vote.

Mais samedi, la Commission électorale nationale autonome (Céna) avait autorisé les électeurs à voter avec leurs anciennes cartes.

En outre, dans les départements du Zou et du Plateau (centre), où aucune nouvelle carte n'avait pu être distribuée, les nouveaux majeurs ont pu voter avec leur seule pièce d'identité.

Lionel Zinsou, banquier d'affaires franco-béninois de 61 ans, est le candidat des Forces Cauri pour un Bénin émergent (FCBE, au pouvoir) et de deux grands partis d'opposition: le Parti du renouveau démocratique - dont le leader, Adrien Houngbedji, était le principal opposant de Boni Yayi à la présidentielle de 2011 - et Renaissance Bénin.

Face à un éparpillement des voix au sud, le nord, qui pèse lourd en nombre de voix, représente un enjeu déterminant pour accéder au second tour.

Abdoulaye Bio Tchané, l'enfant du pays, y compte de nombreux soutiens. Mais Sébastien Ajavon bénéficie de l'appui de Rachidi Gbadamassi, un député très influent de la région, et Patrice Talon y a aussi acquis une certaine popularité du temps où il était un acteur incontournable du secteur du coton.