Le député égyptien Tawfiq Okacha a été déchu mercredi de son mandat, pour des propos tenus lors d'une rencontre controversée avec l'ambassadeur d'Israël au Caire, qu'il avait invité à dîner chez lui, a indiqué le Parlement sur son site Internet.

M. Okacha, animateur de télévision controversé, avait reçu le 24 février l'ambassadeur d'Israël Haim Koren, déclenchant un tollé parmi ses pairs: un de ses collègues l'avait même frappé dimanche d'un coup de chaussure en pleine séance dans l'hémicycle.

«Nous nous sommes mis d'accord pour qu'Israël ait un rôle décisif dans la question du barrage» controversé construit par l'Éthiopie sur le Nil, avait indiqué ce député dans un entretien publié le lendemain de sa rencontre par le quotidien égyptien Al-Masri al-Youm.

«Le Parlement a approuvé la déchéance du mandat du député Tawfiq Okacha, après l'accord de 465 députés», soit plus des deux-tiers des membres du la chambre, selon son site Internet.

«La sanction n'est pas motivée par sa rencontre avec l'ambassadeur d'un pays étranger, mais en raison des questions discutées durant cet entretien, en lien avec la sécurité nationale égyptienne», souligne le communiqué.

L'Égypte est devenue en 1979 le premier pays arabe - et l'un des deux seuls à ce jour avec la Jordanie - à avoir signé un accord de paix avec Israël. Les relations entre les deux pays restent toutefois un sujet sensible au sein des médias et de l'opinion publique.

«Nous devons accepter les opinions divergentes, pour consolider les liens entre les deux peuples, sur le plan économique, culturel et social», avait indiqué plus tôt mercredi l'ambassadeur d'Israël, dans une vidéo postée sur la page Facebook de l'ambassade.

«Il a manqué aux devoirs de sa fonction en invitant un État étranger à s'ingérer pour résoudre la question du barrage», a pour sa part indiqué à l'AFP le député Khaled Youssef.

L'Éthiopie doit inaugurer en 2017 ce barrage présenté comme le plus grand d'Afrique. Mais l'Égypte s'est longtemps opposée à ce projet, craignant qu'il ne diminue ses propres approvisionnements en eau.

La question, hautement stratégique de ce barrage, est souvent considérée au Caire comment une affaire de sécurité nationale.

L'ambassade d'Israël au Caire avait estimé dans un premier temps que la rencontre avait été «très réussie», affirmant que «les deux parties se sont mises d'accord pour rester en contact et poursuivre la coopération.»