L'armée camerounaise a mené une importante offensive en territoire nigérian contre un poste de commandement du groupe islamiste Boko Haram, lui infligeant de lourdes pertes et saisissant beaucoup d'armes et de matériel, a affirmé le porte-parole du gouvernement camerounais, dans une déclaration obtenue mardi par l'AFP.

Les opérations de l'armée camerounaise se sont déroulées du 11 février au 14 février à Ngoshe, située au Nigeria, à une quinzaine de km d'Ashigashia (ville frontalière camerounaise de l'extrême nord du pays)», a précisé Issa Tchiroma Bakary, ministre de la Communication.

«162 terroristes de Boko Haram ont été neutralisés (tués)», a-t-il affirmé, un bilan qui ne peut être confirmé de source indépendante.

L'opération a coûté la vie à deux jeunes officiers camerounais, le capitaine Pipwoh Yari Emmanuel (31 ans) et le lieutenant-colonel Kwene Ekwene Beltus Honoré (39 ans).

Le premier est mort le 11 février, le second a succombé à ses blessures après que son véhicule a sauté sur une mine le 14 février.

Une centaine de prisonniers de Boko Haram ont par ailleurs été libérés, parmi lesquels 15 otages camerounais dont sept membres d'une même famille.

«La ville de Ngoshe a été identifiée formellement comme l'un des postes de commandement de Boko Haram abritant des usines de fabrication de bombes et de mines», a expliqué le porte-parole.

Selon lui, «ce poste de commandement servait également d'officine de lavage de cerveau et de formatage des adolescents utilisés comme des bombes humaines à l'occasion des attentats kamikazes.»

L'armée camerounaise revendique d'importantes saisies d'armes et de matériel.

Quatre fabriques de mines artisanales ont été démantelées, et «5 mines déjà prêtes à l'emploi» ont été récupérées.

Selon M. Tchiroma, «des centaines de contenants d'explosifs, des batteries, des cordons détonants, des vestes de kamikazes et divers objets rentrant dans le processus de déclenchement des explosifs» ont également été saisis.

De même, a-t-il assuré, «un centre d'entrainement de Boko Haram précédemment identifié a été rasé, deux véhicules de combat mis à feu, des armements de guerre saisis».

Parmi ces armes figurent deux mitrailleuses lourdes de 12,7 mm, trois mitrailleuses de 7,62 mm, un lance-roquettes RPG7, douze fusils d'assaut AK47, deux pistolets, plusieurs grenades, des dizaines d'armes de traite (armes légères), une centaine de fusils factices d'entraînement, des armes blanches, des uniformes militaires, plusieurs dizaines de boîtes de chargeurs et des milliers de munitions de différents calibres.

Cette offensive s'est déroulée dans le cadre de l'opération «Arrow Five» de la force multinationale regroupant le Nigeria, le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Bénin. Elle a reçu «l'aval du commandement nigérian», qui a apporté sa «collaboration», a précisé le ministère.

Depuis fin novembre, l'armée camerounaise mène dans plusieurs localités frontalières des opérations qui ont considérablement affaibli les jihadistes, mais ceux-ci multiplient depuis juillet des attentats-suicides dans l'extrême nord du Cameroun, comme ils continuent de le faire dans le nord-est du Nigeria.