Une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU est arrivée jeudi au Burundi, accueillie dans la capitale par des manifestants pro-gouvernementaux, alors qu'elle vient pousser le gouvernement à ouvrir des pourparlers sérieux avec l'opposition et à accepter une force africaine de paix.

Plusieurs centaines de personnes, soutenant le président Pierre Nkurunziza, brandissaient des pancartes avec des inscriptions en anglais « un génocide n'arrivera pas » et « arrêtez d'interférer dans les affaires burundaises », a constaté une journaliste de l'AFP.

Lors d'une réunion prévue vendredi, les diplomates onusiens espèrent convaincre le président Nkurunziza d'accepter la proposition de déployer 5000 soldats africains dans le cadre d'une Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (Maprobu), ce que le gouvernement burundais a jusque là vivement refusé, parlant d'une « force d'invasion ».

Depuis Addis Abeba, la présidente de la Commission de l'Union africaine (UA) Nkosazana Dlamini-Zuma a émis « l'ardent espoir que la visite du Conseil de sécurité contribuera à la réalisation des deux objectifs fondamentaux et complémentaires que sont le déploiement rapide de la Maprobu et la relance sans délai du dialogue interburundais » sous l'égide du président ougandais Yoweri Museveni.

Les discussions sur la force africaine devraient être au coeur du sommet de l'Union africaine (UA) qui doit se tenir les 30 et 31 janvier en Éthiopie.

Le Burundi s'est enfoncé dans une crise émaillée de violences depuis fin avril à l'annonce de la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat controversé. Il a été réélu en juillet.

Les violences au Burundi ont déjà fait plus de 400 morts et contraint à l'exil plus de 200 000 personnes, selon l'ONU.

Le pays avait été ravagé par une guerre civile entre 1993 et 2006.

La date limite pour que le Burundi accepte le déploiement de la Maprobu est passée depuis longtemps mais l'UA n'a pris aucune mesure.

Mme Dlamini-Zuma a souligné « l'urgence et l'impératif d'une forte unité de vue et d'action » au sein de la communauté internationale.

Parallèlement, deux anciens présidents burundais ont plaidé pour l'envoi de la force africaine et enjoint le Conseil de sécurité de l'ONU d'agir.

« Cette force (la Maprobu), nous en avons besoin », a déclaré Domitien Ndayizeze, au pouvoir de 2003 à 2005.

Le Conseil « s'impliquer pleinement sinon nous risquons un autre Rwanda », a mis en garde Jean-Baptiste Bagaza (1976-1987). « Arretez cette hémorragie au Burundi qui est en train de faire disparaître notre jeunesse », a-t-il ajouté.

Les manifestants qui ont accueilli la délégation de l'ONU s'en sont pris aussi au Rwanda, voisin du Burundi et accusé par Bujumbura d'aider la rébellion.

« Rwanda, stop au recrutement militaire des réfugiés burundais », pouvait-on lire sur une pancarte.

Le Rwanda a toujours démenti les accusation burundaises.

Quelques heures avant l'arrivée des diplomates onusiens, la rébellion burundaise mise sur pied en décembre pour chasser le président Pierre Nkurunziza du pouvoir a annoncé avoir placé à sa tête le général Godefroid Niyombare.

Ancien chef d'état-major de l'armée burundaise, puis patron du Service national de renseignement (SNR), le général Niyombare avait dirigé le putsch manqué de mai 2015 contre le président Nkurunziza. Il avait pris la fuite.

« La coordination générale des Forebu est assurée par le général Godefroid Niyombare », a annoncé le nouveau porte-parole des Forces républicaines du Burundi (Forebu), le commissaire de police Edouard Nibigira, ancien membre de l'état-major de la police et ancien directeur de la protection civile.

Les Forebu cherchent à unir sous une même bannière les différents groupes armés opérant sur le terrain, a expliqué à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat, un cadre des Forebu, « ce n'est pas un hasard si cette annonce coïncide avec l'arrivée (d'une délégation) du Conseil de sécurité de l'ONU ».