Une forte explosion survenue jeudi dans un complexe gazier du sud du Nigeria a provoqué un violent incendie, faisant «des dizaines de morts», selon un bilan fourni vendredi par le président Muhammadu Buhari.

L'explosion s'est produite aux alentours de 11H30, heure locale (10H30 GMT) à Nnewi, dans une usine d'InterCorp Oil Limited, filiale du conglomérat nigérian Chicason Group.

Le feu a pris et l'incendie, qui a fait rage durant des heures, s'est étendu aux bâtiments et aux véhicules alentour, plongeant Nnewi dans un nuage de fumée noire. Une fois les flammes éteintes, les pompiers ont découvert des corps calcinés sur un sol jonché de cendres, selon des sources locales. Ces terribles images, relayées par des témoins avec leurs téléphones portables, circulaient sur les réseaux sociaux.

Selon des images de la télévision, le feu a détruit des réservoirs de gaz ainsi que des voitures et des vélos garés à proximité de l'usine. Plusieurs dizaines de bonbonnes de gaz calcinées jonchaient le sol du complexe.

Dans un communiqué succinct, le président Buhari a évoqué «des dizaines de morts», alors qu'un premier bilan policier faisait état de huit tués. Le chef de l'État nigérian s'est dit «profondément secoué et choqué par de telles pertes en vies humaines dans un unique accident industriel».

«C'était un immense brasier», avait raconté dans la matinée à l'AFP le porte-parole de la police de l'État d'Anambra, Ali Okechukwu. «Nous avons retrouvé six corps en dehors du périmètre et deux autres dans un bâtiment mitoyen, ce qui porte à huit le nombre total de victimes».

«Six autres personnes ont été blessées et transférées à l'hôpital», avait-il ajouté, précisant qu'une enquête avait été ouverte pour déterminer les causes de l'explosion.

«Plusieurs personnes ont perdu la vie. Certaines souffrent de brûlures à divers degrés», a pour sa part déclaré à la chaîne Channels TV le gouverneur de l'État d'Anambra, Willy Obiano, qui s'est rendu sur place.

L'incendie, alimenté par le gaz, s'est propagé instantanément, a indiqué à l'AFP James Eze, porte-parole de l'Agence nationale des situations d'urgence (Nema).

«Toutes les installations dans un périmètre de 300 mètres ont été incendiées, des maisons situées à 400 mètres ont été touchées», a souligné M. Eze, qui s'exprimait par téléphone depuis le centre hospitalier universitaire de Nnamdi Azikiwe, qui accueille les blessés.

Accidents fréquents

«Le feu était si fort qu'il a pu réduire les ossements en cendres, mais aucune disparition n'a été signalée», a-t-il dit.

Ilochonwu Prince, qui habite près de l'usine, a dit avoir penser à une maison qui s'effondrait quand il a entendu l'explosion.

«C'était terrible, a-t-il raconté, la voix tremblante d'émotion. C'était le 24 et les gens voulaient acheter du gaz pour l'utiliser en famille pour Noël».

Les raisons de l'explosion font l'objet d'explications divergentes. Selon des sources locales, l'explosion s'est produite après qu'un camion a déchargé des bonbonnes de gaz pour des clients en prévision des fêtes de Noël.

D'autres évoquent une explosion provoquée lors du déplacement d'un conteneur de gaz qui fuyait dans une décharge de l'entreprise.

«J'ai vu l'explosion et j'ai dit aux gens autour de moi que nous devions courir, que c'était très dangereux», a raconté à la télévision nigériane Chika Nwokolo, une employée qui a survécu à l'incendie. «Nous avons couru, mais le souffle m'a atteint dans le dos et je suis tombée», a-t-elle dit, montrant ses larges brûlures aux bras.

Basé à Lagos, Chicason Group est un conglomérat nigérian aux multiples activités: il fabrique des objets en plastique, produit des savons et des produits alimentaires, mais aussi du pétrole et du gaz. Il a également des activités dans la construction, l'immobilier, les mines, le transport routier et le tourisme.

La ville de Nnewi, majoritairement chrétienne, est connue pour être une plaque tournante du commerce de pièces de rechange automobile.

Le Nigeria est le premier pays producteur de pétrole en Afrique, dont il tire l'essentiel de ses ressources. Depuis dix ans, des centaines de personnes ont été tuées dans le delta du Niger, généralement lors de réparations des oléoducs ou quand ils sont endommagés par des pilleurs de brut.

Le Nigeria perd environ l'équivalent de 300 000 barils par jour en raison des gangs qui détournent les pipelines, selon la compagnie pétrolière nationale.