Un avion d'Air France, en provenance de l'île Maurice et à destination de Paris, a atterri d'urgence dans la nuit de samedi à dimanche à Mombasa, au Kenya, après une alerte à la bombe provoquée par un objet suspect qui s'est révélé inoffensif.

L'objet découvert en vol dans les toilettes de l'appareil était « un ensemble composé de cartons et d'une espèce de minuteur », a indiqué le PDG d'Air France lors d'une conférence de presse à Paris dimanche, évoquant « un acte de malveillance » ou « quelque chose qui s'apparenterait à une mauvaise plaisanterie ».

« Après analyse, il s'agit d'une fausse alerte », a-t-il déclaré. « Il n'y avait rien qui présentait un caractère dangereux » pour l'avion, les passagers ou l'équipage, a-t-il assuré.

La France est en alerte sécurité maximale depuis les attentats de Paris qui ont fait 130 morts le 13 novembre.

Le groupe djihadiste État islamique (EI), qui a revendiqué ces attaques, a également affirmé être responsable de l'écrasement d'un avion russe en octobre en Égypte, qui a coûté la vie aux 224 personnes à bord.

Air France a déjà subi trois fausses alertes à la bombe dans ses avions « sur le territoire américain » ces deux dernières semaines en plus de celle-ci, a déploré son PDG.

D'après M. Gagey, c'est un passager qui a découvert l'objet en question. Il se trouvait « dans un petit placard situé derrière un miroir » dans les toilettes de l'avion.

Cet endroit ainsi que l'ensemble des placards avaient fait l'objet « d'une visite de sureté » de la part de l'équipage avant le décollage. Rien n'y avait été découvert, selon le PDG.

« Rien à ce stade ne permet de dire qu'il y a eu une faille dans le dispositif de sûreté à l'escale de l'île Maurice », a-t-il estimé. Toutefois « des mesures de sureté complémentaires seront mises en place pour les prochains vols » partant de cet aéroport.

Le vol AF 463, un Boeing 777 avec 459 personnes à bord et 14 membres d'équipage, avait quitté l'île Maurice à 21 h locales (12 h, heure de l'Est) et devait arriver à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle de Paris à 5 h 50 locales.

« Il a demandé un atterrissage d'urgence, après qu'un engin suspecté d'être une bombe a été découvert dans les toilettes », avait indiqué dans la matinée Charles Owino, un porte-parole de la police kenyane. « Il a atterri sans problème » à l'aéroport international de Mumbasa « et les passagers ont été évacués ».

Plusieurs passagers entendus par la police 

Un des passagers, John Stephen, a raconté que le personnel de bord d'Air France avait aidé à l'évacuation rapide des voyageurs par les toboggans.

« Nous sentions que les membres de l'équipage étaient tendus, et que quelque chose n'allait probablement pas. Quand l'avion s'est arrêté, ils nous ont dit de courir vers les toboggans et de partir loin de l'avion », a-t-il expliqué à l'AFP.

Des experts en déminage sont immédiatement intervenus, mais près de 16 heures après cet atterrissage forcé, les autorités kényanes n'avaient pas encore donné d'indication sur la composition de l'engin.

Une source interne à Air France avait dans un premier temps décrit un objet composé de deux horloges digitales transparentes avec deux horaires différents, a priori sans décompte, d'un fil noir ressemblant à une antenne de radio-réveil et de quatre cartons rectangulaires reliés par un adhésif et des pinces métalliques.

Le ministre kényan de l'Intérieur Joseph Nkaissery s'est immédiatement rendu à Mombasa. Le ministère a indiqué en fin de matinée que la police interrogeait « plusieurs passagers » du vol. Selon une source policière kenyane, une dizaine de personnes ont été entendues et cinq continuaient à l'être dans l'après-midi.

« C'est une affaire internationale et nous parlons également aux autorités de l'île Maurice, pour savoir s'il y a eu une fouille des passagers avant qu'ils embarquent », a souligné M. Nkaissery, qui a ensuite rendu visite aux voyageurs, installés dans un hôtel en attendant leur départ pour Paris.

Air France « va demander l'ouverture d'une enquête pour tirer les choses au clair », a annoncé son PDG.

La compagnie française a affirmé tout mettre en oeuvre pour assurer le réacheminement de ses clients. Leur départ était prévu en fin de journée.