Les résultats préliminaires du référendum qui s'est tenu vendredi au Rwanda laissent entrevoir une large victoire en faveur de la fin des limites imposées aux mandats présidentiels, ce qui permettrait au président Paul Kagame de prolonger son règne.

Selon la commission électorale rwandaise, plus de 98% des électeurs de 21 des 30 districts, représentant 70% des électeurs enregistrés, ont appuyé une modification à la Constitution du pays qui limite le règne d'un président à deux mandats.

Des partisans du président Kagame manifestaient à Kigali vendredi soir.

M. Kagame, 58 ans, n'était pas éligible pour concourir à l'élection de 2017 puisqu'il a déjà été élu à deux reprises à la tête du pays.

Avec un vote en faveur du oui, M. Kagame pourra demeurer en place pour un mandat additionnel de sept ans, puis pour deux autres mandats de cinq ans, ce qui signifie qu'il pourrait théoriquement gouverner le pays jusqu'en 2034.

Chef autoritaire, référendum d'antidémocratique

M. Kagame a accédé à la présidence en 2000 après avoir été le dirigeant de facto du Rwanda à la suite du génocide de 1994. Il a réussi à stabiliser le pays et à promouvoir la croissance économique après les massacres qui ont fait environ 800 000 victimes en quelques mois seulement.

Ses détracteurs soutiennent toutefois qu'il est un chef autoritaire qui ne tolère aucune opposition. M. Kagame est notamment accusé de violations des droits de la personne.

L'opposition politique rwandaise a qualifié le référendum d'antidémocratique, tandis que les États-Unis, un allié important du Rwanda, se sont opposés à la volonté de M. Kagame de s'accrocher au pouvoir.

M. Kagame a voté vendredi dans la capitale, Kigali, accompagné de sa femme et de sa fille.

« Ce qui se passe est le choix du peuple. Demandez aux gens pourquoi ils souhaitent cela », a-t-il dit, répétant que les Rwandais lui demandent de rester en place.

« Le président Kagame est un héros et un homme d'État comme l'ancien président de la Tanzanie Julius Nyerere, a lancé Dan Gatera, qui a voté à Nyamata, dans l'est du pays. La Constitution ne devrait pas être utilisée pour limiter les présidents qui ont du talent. »

Si M. Kagame décide de se représenter une nouvelle fois à la présidence après la modification constitutionnelle, il joindra la liste des dirigeants de l'Afrique centrale et de l'Est qui ont emprunté la même voie pour poursuivre leur règne.

En 2005, les députés ougandais ont changé la Constitution du pays pour permettre au président Yoweri Museveni de se faire réélire en 2006 et en 2011. Il se représente encore en 2016.

Au Burundi, le président Pierre Nkurunziza a gagné un troisième mandat qui est contesté par plusieurs qui estiment que cela va à l'encontre de la limite de deux mandats de cinq ans imposée par la Constitution.

Des voix dissidentes se sont également fait entendre au Congo face à la volonté du président Joseph Kabila, qui détient les rênes du pays depuis 15 ans, de prolonger son règne.