Au moins sept personnes - dont un policier - ont été tuées et douze blessées depuis mardi soir au cours de violences à Bujumbura et en province, ont indiqué mercredi la police et des responsables locaux.

À Nyakabiga, un quartier contestataire du centre de la capitale, «des terroristes ont attaqué à la grenade et au fusil une patrouille de police tuant l'un de ses membres et en blessant trois autres avant de s'enfuir», a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police burundaise Pierre Nkurikiye.

Les corps de quatre personnes ont par ailleurs été retrouvés mercredi matin dans les rues de Bujumbura, trois dans le quartier de Mutakura, un des hauts lieux de la contestation situé dans le nord de la capitale et un dans celui limitrophe de Cibitoke, selon M. Nkurikiye.

«Il n'y a pas de sang à l'endroit où on a retrouvé» les trois corps à Mutakura, a expliqué à l'AFP un témoin sous couvert de l'anonymat, et «les gens pensent que (les corps) ont été amenés pendant la nuit».

Selon ce témoin un des corps a été identifié comme celui d'«un habitant du quartier (voisin) de Kinama, où il y a eu de nombreux tirs pendant la nuit».

Selon le porte-parole de la police, le quatrième corps retrouvé à Cibitoke était ligoté et portait des traces de strangulation.

Dans la province du Bujumbura-Rural qui surplombe la capitale, deux bars ont été attaqués à la grenade faisant au total deux morts et neuf blessés, selon des responsables locaux.

«Hier vers 19 h 30, des criminels ont lancé une grenade dans un bar» à une dizaine de kilomètres à l'est de Bujumbura, «une personne a été tuée sur le champ et sept autres blessées, mais l'une d'elles a succombé à ses blessures une fois à l'hôpital», a annoncé à l'AFP Damien Barindambi, administrateur de la commune de Mutimbuzi.

Le porte-parole de la police a confirmé cette attaque, mais l'a liée à un différend dans l'établissement, un client molesté étant revenu se venger, selon lui.

Une autre grenade avait explosé 30 minutes auparavant dans un autre bar, à une trentaine de kilomètres à l'est de Bujumbura, faisant trois blessés parmi le personnel, selon l'administrateur de la commune de Mugongo Manga, Diomède Ndabahinyuye.

Le Bujumbura-Rural a déjà été plusieurs fois le théâtre d'affrontements entre forces de l'ordre et membres d'une rébellion en gestation, née de la contestation du troisième mandat du président Pierre Nkurunziza.

La candidature, fin avril, de M. Nkurunziza à un troisième mandat que ses adversaires jugent contraire à la Constitution et à l'accord d'Arusha qui a permis la fin de la guerre civile (1993-2006), a plongé le Burundi dans une grave crise émaillée de violences.

La mise en échec d'une tentative de coup d'État militaire en mai, puis l'étouffement de six semaines de manifestations quasi-quotidiennes un mois plus tard et enfin la réélection controversée de M. Nkurunziza en juillet n'ont pas empêché l'intensification des violences, désormais armées.

Les assassinats ciblés se multiplient et les attaques contre la police ou des bars sont devenues quasi-quotidiennes.