Les sénateurs rwandais ont adopté mardi à leur tour, après les députés, une modification de la Constitution permettant au président Paul Kagame de se représenter en 2017 et de potentiellement diriger le pays jusqu'en 2034, a constaté une journaliste de l'AFP.

Le Sénat a voté, dans les mêmes termes que la Chambre basse le 29 octobre, les nouveaux articles 101 et 172 qui sont donc définitivement adoptés.

Le nouvel article 101 fait passer de sept à cinq ans le mandat présidentiel et en limite le nombre à deux. Mais le nouvel article 172 précise que cette réforme n'entrera en vigueur qu'à l'issue d'un nouveau septennat entre 2017 et 2024, pour lequel le président actuellement «en exercice» reste éligible, de même qu'ensuite pour les deux quinquennats prévus dans le nouvel article 101.

Cette réforme constitutionnelle est présentée par le pouvoir comme le fruit d'une pure initiative populaire, mais de nombreux observateurs y voient une manoeuvre orchestrée par les autorités, dans un pays régulièrement épinglé pour ses atteintes à la liberté d'expression et son peu d'ouverture politique.

Quelque 3,7 millions de Rwandais ont signé des pétitions lancées à travers le pays pour demander un maintien au pouvoir de M. Kagame, 58 ans, homme fort du pays depuis que sa rébellion du FPR a chassé en juillet 1994 le régime extrémiste hutu et mis fin au génocide déclenché en avril précédent. Les massacres ont fait environ 800 000 morts essentiellement au sein de la minorité tutsie.

La Chambre des députés doit désormais réexaminer quelques articles mineurs amendés par les sénateurs. Une fois adopté dans son ensemble, le texte définitif de la nouvelle Constitution devra être soumis, à une date non précisée, à référendum.

M. Kagame avait affirmé à plusieurs reprises ces derniers mois qu'il ne briguerait un troisième mandat que s'il était plébiscité par son peuple, alors que les volontés affichées de certains dirigeants africains de lever les limitations constitutionnelles du nombre de mandats pour se maintenir au pouvoir ont suscité des mouvements de contestation, notamment au Burundi voisin.

Seule formation politique du pays à s'opposer à cette réforme constitutionnelle, le petit Parti démocratique vert a demandé à la Cour suprême d'interrompre le processus, mais sa requête a été rejetée début octobre, les magistrats estimant qu'«aucun article (de la Constitution) n'était immuable».