Les médias égyptiens critiquaient vivement mardi les pays occidentaux qui privilégient la thèse de l'attentat dans l'écrasement de l'avion russe, certains évoquant même un «complot» contre Le Caire et Moscou.

Une caricature à la une du quotidien gouvernemental Al-Ahram compare ainsi la situation à l'«agression tripartite», nom que donne Le Caire à la guerre de Suez déclenchée en 1956 contre l'Égypte par la France, le Royaume-Uni et Israël.

La caricature représente un vieillard déclarant à un jeune homme: «Ce qui se passe dans le Sinaï me rappelle l'agression tripartite de 1956». Le jeune homme, qui porte une chemise sur laquelle est inscrit «J'aime l'Égypte», rétorque: «En effet, nos ennemis sont toujours les mêmes depuis 60 ans. Mais nous l'emporterons si Dieu le veut».

La Grande-Bretagne et les États-Unis ont été les premiers pays à évoquer l'hypothèse d'un acte terroriste pour expliquer l'écrasement de l'Airbus de la compagnie russe Metrojet qui devait rallier Saint-Pétersbourg (Russie) au départ de Charm el-Cheikh (Égypte) avec 224 occupants, la plupart des Russes.

Le Caire a estimé que les deux pays avaient surréagi et anticipé les résultats de l'enquête. Il a également critiqué la décision de Londres de rapatrier les quelque 20 000 Britanniques présents à Charm.

Le quotidien Al-Ahram y voit «un complot (...) impliquant les Britanniques et les Américains contre le président Sissi et l'État».

Il s'agit, estime son auteur Achraf Achmaoui, d'«une tentative flagrante de punir l'Égypte économiquement et financièrement pour son ouverture à la Russie au cours des dernières trois années et la coopération militaire croissante entre les deux pays».

Le journal privé Al-Chorouq publie un reportage sur des touristes britanniques visitant Louxor, très prisée pour ses sites antiques. Le titre de l'article affirme: «Des Britanniques à Louxor: nous sommes embarrassés par la position de notre gouvernement».

Un autre reportage sur les stations balnéaires de la mer Rouge publié par le quotidien gouvernemental Al-Akhbar souligne que «l'Égypte est sûre et (que) les touristes n'arrêteront pas de la visiter». Quelque «20 000 Russes travaillent à Hourghada», affirme-t-il.

Al-Akhbar estime dans son éditorial que la thèse de l'attentat est «une question politique et économique en premier lieu visant à se venger de l'Égypte et de la Russie».