Au moins 36 personnes ont été tuées mercredi à Juba, la capitale du Soudan du Sud, dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé au décollage sur une zone de hameaux agricoles.

Un précédent bilan faisait état de 27 morts.

L'appareil a percuté une petite île du Nil-Blanc, fleuve qui court à environ 800 mètres du bout de la piste. «Jusqu'ici, 36 corps ont été récupérés», a déclaré à l'AFP Majju Hillary, responsable de la communication de la Croix-Rouge sud-soudanaise, dont les équipes collectent les cadavres.

«Nous ne pouvons assurer que ce bilan est définitif, car certains débris sont trop lourds pour être déplacés et nécessitent des engins» que la configuration du site ne permet pas d'acheminer, a-t-il poursuivi, sans exclure que des victimes se trouvent toujours sous des morceaux de l'épave.

Deux personnes ont survécu, mais l'une d'entre elles est décédée depuis, a ajouté M. Hillary.

Un photographe de l'AFP a pu se rendre sur l'île, où seule la queue blanche de l'appareil était encore reconnaissable, posée au sol, en lisière d'une zone forestière. Le reste de l'appareil a été pulvérisé en entrant, semble-t-il, en contact avec le sol. Des débris de toutes tailles - dont une hélice et un morceau du cockpit - jonchaient le sol parsemé de cadavres gisant au milieu du chargement.

Selon le responsable de la Croix-Rouge, toutes les victimes se trouvaient à bord de l'appareil et aucune personne au sol n'a été blessée, alors que des maisons - intactes - étaient visibles à quelques dizaines de mètres de l'épave.

Des médias locaux, dont la station de la mission locale de l'ONU Radio-Miraya, ont fait état de jusqu'à 40 tués, sans donner de source.

Le ministère arménien des Affaires étrangères a indiqué que «cinq Arméniens, membres d'équipage de l'avion qui s'est écrasé au Soudan du Sud, figurent parmi les victimes».

Selon Radio-Miraya et Eye-Radio, une station locale, l'avion s'est écrasé alors qu'il venait de décoller de Juba, à destination de Paloich, localité située à 600 km au nord de Juba, dans l'État du Haut-Nil, un des principaux champs de bataille de la guerre civile qui ravage le Soudan du Sud depuis décembre 2013.

L'avion n'était pas en état de voler

L'avion-cargo qui s'est écrasé mercredi n'était pas en état de voler, a déclaré le constructeur ukrainien Antonov.

L'avion, fabriqué en URSS en 1971 et immatriculé au Tadjikistan, une ex-république soviétique d'Asie centrale, «ne devait pas être en service, car les procédures» concernant la rénovation et l'entretien «prévues par la réglementation n'avaient pas été suivies (...), y compris celles visant à assurer la sécurité», a précisé l'avionneur dans un communiqué.

L'avion avait été assemblé à Tachkent, la capitale de l'Ouzbékistan qui faisait alors partie, tout comme l'Ukraine, de l'Union soviétique.

Il était enregistré au Tadjikistan et son équipage était composé de ressortissants arméniens, une autre ex-république soviétique. La diplomatie arménienne a confirmé que cinq Arméniens avaient trouvé la mort dans l'accident.

«Antonov surveille l'état de ses avions où qu'ils se trouvent et fournit des recommandations concernant l'entretien ou les travaux à réaliser afin de prolonger la durée de leur exploitation», a expliqué à l'AFP une responsable du constructeur aéronautique.

«Ensuite, ce sont les autorités du pays concerné qui décident» de la marche à suivre, a-t-elle ajouté.

Dans le cas de l'avion-cargo qui s'est écrasé à Juba, Antonov était en contact avec les autorités tadjikes, selon la même source.

Dans son communiqué, l'avionneur précise également que les autorités aériennes ukrainiennes attendent des informations sur l'écrasement de la part des autorités du Soudan du Sud et du Tadjikistan pour décider si Antonov doit participer ou pas à l'enquête.

D'après son immatriculation et le logo de sa queue, l'avion appartient à la compagnie Allied Services Ltd, une société de transport routier, fluvial et aérien basée à Juba.

L'aéroport de Juba accueille des vols commerciaux, mais aussi un important trafic d'appareils militaires et d'avions-cargo, qui transportent de l'aide à travers le pays, de la taille de la péninsule ibérique et quasiment dépourvu de routes asphaltées.

Le Soudan du Sud est un des pays les moins développés au monde. Ravagé par des décennies de guerre de Sécession contre Khartoum, il a proclamé son indépendance en juillet 2011. Mais miné par les antagonismes politico-ethniques à la tête du nouveau régime, le plus jeune pays du monde a replongé dans une terrible guerre civile le 15 décembre 2013.

Les combats et les atrocités qui les accompagnent ont fait plusieurs milliers de morts et déplacé depuis deux ans plus de 2,2 millions de personnes, soit près du quart de la population.

Un accord de paix a été conclu fin août entre les belligérants, mais des combats se poursuivent, essentiellement dans les États septentrionaux d'Unité et du Haut-Nil à plusieurs centaines de kilomètres de la capitale.