L'ONU a prolongé jusqu'au 15 décembre le mandat de sa mission au Soudan du Sud en lui demandant d'aider à faire appliquer le fragile accord de paix conclu en août par les deux camps rivaux.

Une résolution en ce sens, proposée par les États-Unis, a été adoptée par 13 voix sur 15, la Russie et le Venezuela s'abstenant.

Le Conseil en a profité pour brandir une nouvelle fois la menace de sanctions si les accords de cessez-le-feu ne sont pas respectés pleinement.

Le Conseil se dit «prêt à envisager toutes les mesures appropriées [...] contre ceux qui agissent à l'encontre de la paix, la stabilité et la sécurité du Soudan du Sud».

La Russie s'est abstenue parce que cette allusion à des sanctions est «inappropriée dans une résolution censée faciliter un processus de paix». Il ne faut pas «effrayer» les belligérants en les menaçant ainsi, a ajouté son représentant Petr Iliichev.

Moscou critique aussi l'utilisation par la mission de drones car le gouvernement sud-soudanais y est opposé.

L'ambassadeur vénézuélien Rafael Ramirez a émis les mêmes critiques vis-à-vis du texte.

L'ambassadeur sud-soudanais Francis Mading Deng s'est plaint de ce que la résolution ait été adoptée sans consulter Juba. Il a rejeté l'utilisation par la mission d'hélicoptères et de drones, prônée par la résolution. Une telle initiative risque de provoquer «désaccord et hostilité» de la part du gouvernement sud-soudanais, a-t-il averti.

Les partisans du président Salva Kiir et ceux de Riek Machar ont conclu puis violé déjà sept accords de cessez-le-feu depuis le début de la guerre civile en décembre 2013.

Un huitième accord a été conclu le 26 août mais les deux camps s'accusent mutuellement de l'avoir violé et les combats continuent dans certaines régions du pays.

En juillet, le Conseil avait décidé de geler les avoirs et d'imposer une interdiction de voyager à six chefs militaires du Soudan du Sud, trois du côté des forces gouvernementales et trois du côté des rebelles.

Les États-Unis ont proposé en septembre de nouvelles sanctions contre le chef de l'armée gouvernementale et un commandant rebelle mais quatre des 15 pays du Conseil (Russie, Chine, Angola, Venezuela) s'y sont opposés.

La résolution laisse les effectifs de la mission au même niveau (12 500 soldats et policiers). Les autres composantes de son mandat demeurent, dont la protection des milliers de civils réfugiés dans des camps de l'ONU dans le pays et le soutien à la livraison d'aide humanitaire.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon devra procéder dans les 45 jours à une réévaluation de la situation.

Le Soudan du Sud a proclamé son indépendance en juillet 2011, grâce à la partition du Soudan, sous les auspices des États-Unis. Il a replongé deux ans et demi plus tard dans la guerre en raison de dissensions politico-ethniques, alimentées par la rivalité entre MM. Kiir et Machar.

Les combats et les massacres ont fait plus de 2,2 millions de personnes déplacées et plongé le pays dans une catastrophe humanitaire.