Une bombe a fait au moins sept morts et 20 blessés dans un camp de personnes déplacées par le conflit avec le groupe islamiste Boko Haram dans le nord-est du Nigeria, a annoncé vendredi l'Agence nationale de gestion des urgences (NEMA).

Une bombe artisanale cachée dans une tente a explosé peu avant 11H00 au camp de déplacés de Malkohi près de Yola, capitale de l'État d'Adamawa (nord-est), a précisé l'agence.

«Sept personnes ont perdu la vie pour l'instant, et 20 personnes ont été blessées dans l'explosion», a détaillé un porte-parole de la NEMA, Sani Datti, dans un communiqué.

«Parmi les blessés, sept ont été traités et sont sortis» du centre médical fédéral de Yola, «tandis que 13 personnes, dont des membres de la NEMA, sont encore en train de recevoir des soins», a-t-il poursuivi.

Cette attaque n'a pas été revendiquée, mais les insurgés de Boko Haram ont par le passé mené des attaques avec des engins explosifs artisanaux dans des lieux fréquentés par des civils, comme des marchés ou des gares routières.

De précédents bilans étaient moins alarmants. Le porte-parole de la police de l'État d'Adamawa, Othman Abubakar, a ainsi parlé de deux morts et sept blessés, tandis que la Croix-Rouge faisait état de trois morts et neuf blessés.

Un responsable de l'Agence de gestion des urgences de l'État d'Adamawa (ADSEMA), Suleiman Mohammed, a pour sa part déclaré que cinq personnes avaient péri tandis que 20 avaient été blessées.

Parmi les victimes, «il y avait des fonctionnaires de la NEMA, des personnes déplacées et des membres de l'American University of Nigeria (AUN)», a déclaré M. Mohammed.

Le gouverneur de l'État d'Adamawa, Jibrilla Bindow, aurait déclaré lors d'une réunion avec des gouverneurs qu'il y avait des enfants parmi les morts.

Lionel Rawlings, chef de la sécurité de l'AUN, basée à Yola, a confirmé que des étudiants bénévoles avaient été blessés : «aucun d'entre eux n'était au contact direct de l'explosion, mais il y a eu des éclats d'obus. Nous avons évité le pire».

Situé près d'une base militaire, au sud de Yola, le site de Malkohi est un des nombreux camps de la capitale de l'État d'Adamawa, qui accueillent des hommes, des femmes et des enfants qui ont fui les violences.

Les mesures de sécurité y avaient été renforcées en mai après l'arrivée de centaines de femmes et d'enfants, ex-captifs de Boko Haram libérés par l'armée.

Des soldats gardaient alors l'entrée et passaient au peigne fin les véhicules et leurs passagers, avaient alors pu constater des journalistes de l'AFP.

«Nos hommes sont là-bas» dans le camp, a déclaré M. Abubakar. «Ils essaient de trouver d'autres explosifs éventuels.»

Yola est considéré comme un refuge relativement sûr pour les déplacés. L'année dernière, sa population a plus que doublé pour atteindre près de 400 000 personnes.

Boko Haram recourt de plus en plus fréquemment à des tactiques de guérilla, telles que le bombardement de cibles civiles ou les attentats-suicides.

L'ancien vice-président nigérian Atiku Abubakar, originaire de Yola et qui a fondé l'AUN, a indiqué dans une série de tweets être «profondément attristé» par l'explosion.

«Seules des personnes au coeur mauvais ont pu faire cela», a-t-il ajouté.

Le président nigérian Muhammadu Buhari a néanmoins déclaré lundi que l'armée nigériane «gagne du terrain», en réponse aux critiques déplorant l'absence d'avancées contre les insurgés.

Mi-août, il avait donné trois mois aux forces armées pour en finir avec Boko Haram. Selon l'ONU, les violences islamistes et leur répression ont fait au moins 15 000 morts et plus de deux millions de déplacés depuis 2009.