L'ancienne vice-présidente du Zimbabwe Joice Mujuru, limogée en décembre, a publié mardi un manifeste dans lequel elle propose de revenir sur des mesures clés prises par le président Robert Mugabe, révélant ainsi ses intentions de défier politiquement le chef de l'État.

Joice Mujuru avait été démise de ses fonctions en décembre, car soupçonnée de comploter contre le régime Mugabe, alors qu'elle avait été un temps pressentie comme possible successeur du président, au pouvoir depuis 1980. Depuis son limogeage, elle avait gardé secrètes ses ambitions politiques.

Mais dans son manifeste, publié mardi dans la presse locale, Joice Mujuru dévoile son projet politique: elle propose plusieurs mesures qui s'opposent frontalement aux textes emblématiques mis en oeuvre par Robert Mugabe, comme les lois d'indigénisation, qui exigent que la majorité des parts des entreprises soient détenues par des Zimbabwéens, une condition qui représente un obstacle majeur pour les investissements étrangers.

«Un grand examen des lois d'indigénisation sera effectué», promet Joice Mujuru.

«Nous devrons renforcer, promouvoir et respecter le droit à la propriété privée tout en offrant des dédommagements justes et transparents» pour résoudre le problème des expropriations décidées par le régime Mugabe, ajoute-t-elle.

Dans les années 2000, la réforme agraire brutale du président Mugabe avait conduit à l'expropriation d'environ 4000 fermiers blancs, souvent au bénéfice de proches du pouvoir.

Les nouveaux propriétaires ont souvent été incapables de poursuivre l'exploitation, faute de compétences et de capital pour s'équiper, brisant un secteur-clé de l'économie du pays, ancien grenier à céréales de l'Afrique australe.

Dans son manifeste, Joice Mujuru promet également de remettre sur pied l'économie en crise du Zimbabwe, s'engageant à adopter des réformes «favorables aux investisseurs» pour que le pays avance «économiquement, socialement et politiquement». «Ensemble, nous pouvons transformer le Zimbabwe en un État démocratique», assure-t-elle encore.

«Nous disons non à la violence! Nous disons non à l'intolérance politique», ajoute celle qui a pourtant occupé le poste de vice-présidente du Zimbabwe de 2004 à 2014.

Plusieurs proches de Joice Mujuru lui prêtent l'ambition de vouloir lancer sa propre formation politique, alors que Robert Mugabe a été désigné candidat de son parti pour la présidentielle en 2018.

Joice Mujuru, ancienne combattante de la guerre d'indépendance du Zimbabwe contre le gouvernement colonial de Ian Smith, a occupé des postes ministériels dans chaque gouvernement depuis l'indépendance du pays, de 1980 à 2014.