Les islamistes somaliens shebab ont submergé, avant de s'en emparer temporairement mardi, une base ougandaise de la mission de l'Union africaine en Somalie (AMISOM), dans le sud du pays, a reconnu la force africaine, indiquant avoir subi des pertes sans donner de bilan précis.

«La base de l'AMISOM à Janale, dans la région somalienne de Basse-Shabelle, a été attaquée par des combattants shebab» qui «ont utilisé une voiture bourrée d'explosifs pour (...) faciliter leur entrée dans le camp, avant d'engager le combat avec nos soldats», a expliqué l'AMISOM dans un communiqué publié mardi soir, de nombreuses heures après l'assaut, en début de matinée.

«Bien que nos troupes aient effectué un retrait tactique, après la première attaque au véhicule piégé, elles se sont depuis regroupées et ont repris le contrôle de la base», a affirmé cette même source, neuf heures après avoir nié sur Twitter en avoir jamais perdu le contrôle.

Elle a admis des pertes parmi les soldats ougandais basés à Janale, sans donner de bilan dans l'immédiat, disant être en train «d'évaluer le nombre de tués et l'étendue des dégâts». Un porte-parole de la Force avait, plus tôt dans la journée, indiqué à l'AFP qu'environ 150 soldats ougandais étaient basés dans le camp de Janale.

Les shebab, affiliés à Al-Qaïda, ont revendiqué l'attaque et affirmé avoir infligé de lourdes pertes à l'AMISOM dans cette nouvelle attaque, la deuxième en deux mois, contre une de ses bases du sud de la Somalie.

«L'attaque a commencé avec l'explosion d'un kamikaze permettant aux combattants de pénétrer dans la base. Les combats se sont poursuivis à l'intérieur durant une quarantaine de minutes», a déclaré un porte-parole des shebab, Abdulaziz Abu Musab.

«Les moudjahidine ont pris le contrôle total de la localité et du camp militaire et se sont emparés de tout l'armement lourd», a-t-il ajouté, assurant qu'une «cinquantaine de soldats de l'UA ont été tués et de nombreux autres se sont noyés en fuyant» à travers un cours d'eau proche, un bilan impossible à vérifier de source indépendante.

Base pillée

Des habitants de Janale ont fait état de dizaines de tués dans les rangs de l'AMISOM, affirmant que les shebab s'étaient rendus dans la matinée maîtres de la base, désertée par ses soldats.

«De nombreux habitants ont pénétré dans le camp après la fuite des soldats de l'UA et l'ont pillé avec les shebab qui chargeaient les cadavres» dans un camion, «j'ai vu près de 30 soldats tués durant les combats», a expliqué Hussein Idris, un témoin.

Un autre témoin, Ahmed Ali, a indiqué avoir vu 20 cadavres de soldats africains et a ajouté que les combattants shebab s'étaient «emparés des armes et des munitions» de la base.

«Le contingent en entier a pris la fuite après que les combattants ont pénétré dans le camp (...), des centaines de shebab se sont emparés de l'armement» de la base, a affirmé un chef traditionnel, Mohamed Warsame.

Le porte-parole shebab a expliqué que cette attaque avait été menée «en représailles» au meurtre, par des soldats ougandais de l'AMISOM, de sept civils participant à un mariage le 21 juillet dans la localité portuaire de Merka, dans le Sud somalien.

L'AMISOM, qui avait initialement «réfuté» des «allégations insidieuses», avait fini par admettre ces derniers jours, la responsabilité de ses soldats dans cet «incident», pour lequel elle avait présenté ses «sincères excuses» et inculpé trois soldats.

L'AMISOM - aujourd'hui forte de 22 000 hommes - et les forces progouvernementales somaliennes ont chassé les shebab de Mogadiscio en 2011 et depuis de l'ensemble des localités d'importance qu'ils contrôlaient dans le Sud et le Centre somalien.

Les islamistes contrôlent néanmoins toujours de larges zones rurales du sud de ce pays, plongé dans le chaos et privé de véritable État central depuis le début des années 1990. Confrontés à une puissance de feu supérieure, ils ont abandonné le combat conventionnel pour les actions de guérilla, des attentats-suicides et des attaques complexes, certains jusqu'au coeur de Mogadiscio.

Fin juin, les shebab avaient attaqué une base burundaise de l'AMISOM à Lego, dans la région de Bay, à la limite de celle de la Basse-Shabelle. L'AMISOM et le gouvernement burundais avaient reconnu des pertes sans donner de bilan précis. Des témoins avaient fait état de dizaines de morts, certains avançant le chiffre de plus de 50.