Au moins 25 personnes ont été tuées et 32 blessées mardi dans l'explosion d'une bombe attribuée aux islamistes de Boko Haram dans des bureaux de l'administration locale à Zaria, dans le nord du Nigeria.

«L'engin explosif, très vraisemblablement porté par un kamikaze, a explosé dans les locaux administratifs du district et provoqué la mort de 25 personnes, dont un enfant de deux ans», a indiqué sur Facebook le gouverneur de l'État de Kaduna, Nasir Ahmad el-Rufai, qui avait fourni un premier bilan de 20 morts.

32 personnes ont également été hospitalisées, a-t-il ajouté.

La bombe a explosé vers 09H00 au moment où des instituteurs et d'autres fonctionnaires faisaient la queue pour subir des contrôles d'identité, selon des témoins.

En l'absence de revendication, les soupçons se portent sur Boko Haram, très actif dans la région.

Zaria, une ville en majorité musulmane située à 75 km au nord de Kaduna, capitale de l'État éponyme, a déjà été la cible d'attaques des islamistes.

Le même jour, un attentat suicide commis par une femme près d'un poste militaire dans le nord-est a fait quatre morts, ont déclaré des témoins.

«La femme (...) est descendue (d'un véhicule) près d'un poste de contrôle militaire à Sabon Gari (un village situé à environ 110 km de Maiduguri, la capitale de l'État de Borno, ndlr) où elle s'est fait exploser, tuant quatre autres personnes», a raconté à l'AFP Maikaho Abdu.

Depuis que le nouveau président Muhammadu Buhari a pris ses fonctions le 29 mai, les islamistes ont multiplié leurs opérations dans le nord du Nigeria.

Lundi soir, une jeune kamikaze de 13 ans avait péri dans un attentat manqué près d'une grande mosquée de Kano, la plus importante ville du nord du Nigeria, à 200 km au nord de Zaria.

Dimanche, c'était la ville de Jos (centre) qui était frappée par deux attentats, contre une mosquée et un restaurant, dans lesquels au moins 44 personnes sont mortes. Peu avant, cinq personnes avaient été tuées dans un attentat-suicide dans une église de Potiskum.

Le président Buhari a fait une priorité de la lutte contre les insurgés, mais n'a pas réussi pour l'instant à faire cesser le bain de sang.

Quelque 550 personnes sont en effet mortes dans des violences attribuées aux islamistes depuis qu'il a pris ses fonctions, selon un comptage de l'AFP.

Éviter les lieux fréquentés

D'après un fonctionnaire local, Mahmud Abbas, des fonctionnaires et des enseignants de la région se soumettaient mardi à des vérifications visant à identifier de potentiels emplois fictifs dans la fonction publique quand la bombe a explosé.

«Il y avait là plus de 100 personnes, le personnel, le comité de vérification et des comptables», puis «il y a eu une forte explosion dans le hall, suivie par des tourbillons de fumée et de poussière», a raconté un autre employé, Mohammed Abubakar.

«Je crois que des dizaines de personnes ont dû mourir au vu du nombre de personnes se trouvant à l'intérieur», a-t-il ajouté.

Le gouverneur El-Rufai, membre du Congrès progressiste (APC) de Muhammadu Buhari, a appelé les habitants de Zaria à «signaler toute personne et activité suspectes» aux autorités et à éviter les lieux fréquentés (mosquées, églises, arrêts de bus) dans les prochaines semaines.

Solomon Arase, le chef de la police fédérale du Nigeria, a en outre ordonné à la police d'améliorer la sécurité de tous les lieux de culte.

«Des mesures de sécurité ont également été prises dans les lieux où les musulmans rompent le jeûne (du ramadan) en soirée», a-t-il précisé dans un communiqué lundi soir.

À Abuja, la capitale fédérale, la vente à la criée et le commerce de rue ont été interdits, et le stationnement dans le centre-ville est strictement réservé aux taxis et aux bus dûment autorisés, selon M. Arase.

Zaria n'est pas connue pour être un bastion de Boko Haram, qui est engagé depuis 2009 dans une insurrection ayant fait au moins 15 000 morts, mais elle a été attaquée par le passé.

En mars 2014, un imam salafiste influent, qui avait critiqué les tueries du groupe armé, avait été abattu avec sa femme et son fils. En septembre 2012, un internat islamique qu'il dirigeait avait été touché par un attentat à la bombe suivi d'une fusillade.

En juin 2012, des explosions revendiquées par Boko Haram avaient aussi frappé deux églises de la ville, faisant plusieurs morts et de nombreux blessés.

Un ingénieur français avait également été retenu prisonnier à Zaria pendant neuf mois par Ansaru, une émanation de Boko Haram. L'homme avait réussi à échapper à ses geôliers en novembre 2013.