Le Royaume-Uni et les États-Unis ont affirmé lundi au Conseil de sécurité qu'il était prématuré pour la mission conjointe ONU-Union africaine au Darfour (Minuad), dont le mandat a été prolongé, de quitter cette province soudanaise malgré les pressions de Khartoum.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a prolongé lundi pour un an, à l'unanimité, le mandat de cette force de quelque 18 000 policiers, militaires et civils.

Mais sa résolution souligne que le désengagement que réclame le gouvernement soudanais, et sur lequel il a entamé des discussions avec l'ONU, devra être progressif et «se fonder sur les progrès accomplis au regard des objectifs de la mission» dont la priorité est la protection des civils.

La résolution fixe une série de critères pour juger de l'amélioration éventuelle de la situation politique ou humanitaire sur le terrain.

«Toute discussion sur un désengagement de la mission est prématurée à ce stade», a affirmé à la presse l'ambassadeur britannique Matthew Rycroft.

La population du Darfour «a connu en 2014 son pire niveau de souffrance depuis dix ans», a souligné l'ambassadeur. «Ce n'est pas le moment de se retirer».

L'ambassadrice américaine Samantha Power a jugé que «la présence de la Minuad est plus nécessaire que jamais étant donné le très haut niveau de violence et le grand nombre de personnes déplacées» par les combats.

Selon l'ONU plus de 78 000 personnes ont été déplacées depuis le début de l'année sous l'effet de l'offensive des troupes gouvernementales au Darfour.

L'ambassadeur adjoint soudanais Hassan Hamid Hassan a répété devant le Conseil que pour Khartoum, «il n'y a pas de guerre ouverte» au Darfour, mais seulement «des affrontements tribaux». Il a réclamé que la Minuad «se retire en commençant par le Darfour-Ouest», réputé plus calme, et que les discussions se poursuivent sur un désengagement complet.

Le conflit qui fait rage depuis 2003 entre le gouvernement et des insurgés au Darfour a fait plus de 300 000 morts et déplacé 2,5 millions de personnes. Le président soudanais Omar el-Béchir est inculpé depuis 2009 par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre au Darfour.

Le chef du Mouvement de libération du Soudan Abdul Wahid Nur qui combat les troupes gouvernementales depuis 2003, a affirmé à l'AFP par téléphone depuis la France que la Minuad devait rester et que «son mandat devait être renforcé». «Il faut réformer la Minuad afin de protéger la population au Darfour».