La coalition au pouvoir en Éthiopie et des partis alliés ont raflé 546 des 547 sièges de la Chambre des représentants du peuple, chambre basse du Parlement, où un dernier siège reste à attribuer, selon les résultats officiels des législatives du 24 mai, proclamés lundi.

Le Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF), coalition de quatre grands partis qui dirige l'Éthiopie depuis 1991, remporte les 500 circonscriptions dans lesquelles il présentait des candidats, les 46 autres sièges se répartissant entre des petites formations régionales qui lui sont alliées.

Manque le résultat définitif de la circonscription de Bonga (sud-ouest), où le scrutin avait dû être reporté, mais les chiffres provisoires semblent montrer, là aussi, une victoire du camp au pouvoir.

L'EPRDF et ses alliés emportent également la quasi-totalité des 1987 sièges des Assemblées des neuf États composant la fédération éthiopienne, laissant échapper seulement 21 sièges.

Ces élections étaient les premières depuis la mort en 2012 du premier ministre Meles Zenawi, qui avait incarné le pouvoir en Éthiopie depuis le renversement de Mengistu Haile Mariam, chef de la junte qui dirigea l'Éthiopie durant la «terreur rouge», entre 1974 et 1991.

Le président de la Commission électorale, Merga Bekana, s'est félicité de la «forte participation et du déroulement harmonieux du processus électoral», qualifiant les élections de «libres, équitables, pacifiques, crédibles et démocratiques».

L'un des principaux partis de l'opposition éthiopienne, le parti Semayawi («Parti bleu») avait dénoncé fin mai «un déni de démocratie» après l'annonce de résultats provisoires montrant que l'EPRDF s'acheminait vers une victoire écrasante.

«Le parti Semayawi n'accepte pas ce processus électoral comme étant libre et juste et ne reconnaît pas le résultat malsain et non démocratique de ces élections», avaient indiqué à l'avance ses dirigeants.

Taye Negussie, professeur de sociologie à l'Université d'Addis Abeba a estimé que «ce résultat était totalement attendu». «Il n'y a pas de multipartisme en Éthiopie. C'est simplement une imitation», a-t-il déclaré à l'AFP.

Symbole de la famine dans les années 1980, le pays affiche désormais une croissance économique insolente, autour de 10 % ces cinq dernières années, selon la Banque mondiale.

Des ONG de défense des droits de l'homme dénoncent un développement économique à marche forcée, dont les populations locales et l'environnement paient le prix fort, mais également le caractère autoritaire du régime, les atteintes à la liberté d'expression et la volonté d'étouffer toute voix dissidente.