Le Niger est devenu vendredi le premier pays au monde à ratifier le Protocole international de l'Organisation internationale du travail (OIT) contre l'esclavage moderne.

La signature par le Niger de ce Protocole de 2014 à la Convention de 1930 sur le travail forcé a eu lieu à Genève, pendant la 104e Conférence internationale du travail de l'OIT qui se déroule du 1er au 13 juin, en présence du ministre nigérien de l'Emploi, du Travail et de la Sécurité sociale, Salissou Ada, et du directeur général de l'OIT, le Britannique Guy Ryder.

«C'est un moment historique: en étant le premier pays à ratifier le Protocole, le Niger lui a permis d'être sur la bonne voie pour entrer en vigueur», a déclaré M. Ryder.

Cette signature «donne de l'espoir à des millions de femmes, d'enfants et d'hommes encore pris au piège de l'esclavage moderne», a-t-il ajouté.

Pour entrer en vigueur, le Protocole doit être ratifié par deux États membres de l'OIT.

Une campagne mondiale visant à encourager au moins 50 pays à ratifier le Protocole sur le travail forcé d'ici à 2018 sera lancée à la fin de la Conférence internationale de l'OIT.

Pendant la Conférence, les milliers de délégués de l'OIT peuvent soutenir la campagne, intitulée «50 for Freedom» (50 pour la liberté), en apposant leur signature sur un panneau pour mettre fin à l'esclavage moderne.

Le Protocole, un instrument juridiquement contraignant, a été adopté par l'OIT en 2014. Il vise à adapter la Convention de l'OIT sur le travail forcé qui datait de 1930.

L'OIT estime que 21 millions de personnes sont victimes de travail forcé dans le monde, générant approximativement 150 milliards de dollars de profits illicites par an.

Les victimes sont surtout exploitées dans l'agriculture, la pêche, le travail domestique, la construction, l'industrie et les mines. Les femmes et les jeunes filles en particulier sont particulièrement sujettes à l'exploitation sexuelle à des fins commerciales.

Devenu indépendant en 1960, le Niger a ratifié la convention sur le travail forcé en 1961. En 2002, il a adopté une loi pour prohiber l'esclavage avec des dispositions prévoyant de lourdes peines pour toute personne convaincue de détenir des esclaves.

Cependant, une enquête conduite en 2008 par l'Institut national de statistique du Niger et l'OIT avait constaté que plus de 59 000 adultes et enfants - sur une population totale de 13 millions - étaient victimes de travail forcé.

L'OIT est une organisation onusienne fondée en 1919, où les travailleurs et les employeurs participent aux délibérations des principaux organes sur un pied d'égalité avec les gouvernements.