Le chef de l'État nigérian sortant, Goodluck Jonathan, a limogé mardi le chef de la police nationale, une décision surprise à moins de six semaines de son départ du palais présidentiel.

La présidence a publié un communiqué intitulé «Le président Jonathan renvoie Suleiman Abba», précisant que la mesure visant le chef de la police, nommé seulement en août 2014, était à «effet immédiat».

Aucune raison officielle n'a été donnée, mais la formulation du texte est inhabituellement forte par comparaison avec d'autres communiqués du même genre.

Le journal Nation, favorable aux opposants à M. Jonathan, affirmait samedi en une que le président sortant était sous pression de certains de ses partisans, qui l'appelaient à limoger M. Abba pour sa gestion des dernières élections.

M. Jonathan a perdu fin mars la présidentielle face à l'opposant Muhammadu Buhari, une alternance historique dans le pays le plus peuplé d'Afrique.

Le Congrès progressiste (APC) de M. Buhari a également remporté la majorité des États lors des élections locales du 11 avril.

«Le "timing" du limogeage (du chef de la police), surtout quelques semaines après une élection générale perdue par Jonathan, donne à réfléchir», a déclaré à l'AFP Debo Adeniran, de la Coalition contre les dirigeants corrompus, une organisation de la société civile.

M. Abba pourrait s'être fait des ennemis en refusant de «truquer les élections» pour le compte du camp Jonathan, a-t-il affirmé.

La présidentielle a été saluée à travers le monde comme globalement pacifique et crédible, à l'inverse des scrutins passés au Nigeria.

M. Buhari doit être investi le 29 mai, et devrait faire ses propres choix à la tête des services de sécurité.

M. Jonathan a nommé mardi le chef adjoint de la police, Solomon Arase, à la place du responsable limogé.